Sur les 370 000 véhicules vendus au Québec en 2022, 52 774 étaient des véhicules de luxe, soit un peu plus de 14 % de l’ensemble des ventes. Cela représente une augmentation de 7,7 % pour les marques haut de gamme par rapport à 2021.
Malgré leur relative bonne performance devant les modèles grand public, les concessionnaires de véhicules de luxe ont dû affronter des défis similaires.
« L’année 2022 a été marquée par des difficultés d’approvisionnement et cela a nécessairement eu un impact sur nos ventes. À titre d’exemple, en mai dernier, nous avions 65 % moins d’inventaire qu’en septembre 2019. Nous avons également pu constater des augmentations de prix causées principalement par la hausse des taux d’intérêt et des PDSF chez les constructeurs. C’est une situation avec laquelle nous avons dû composer tout au long de 2022. De plus, nous avons observé que les constructeurs des marques de luxe produisaient en priorité les modèles plus coûteux, aux dépens des modèles d’entrée de gamme », explique Norman John Hébert, président et directeur de l’exploitation du Groupe Park Avenue, qui détient plusieurs concessions de marques de luxe.
« Malgré ces facteurs, la demande demeurait présente. Les clients étaient au rendez-vous. Je suis convaincu que si nos concessionnaires avaient eu le même niveau d’inventaire qu’en 2019, nous aurions vendu plus de véhicules », ajoute-t-il.
Comme plusieurs autres concessionnaires de luxe contactés par AutoMédia, Michaël Giguère, le DG des ventes du Groupe JD, à Boischatel, est du même avis : « Le manque d’inventaire a eu un impact majeur sur nos ventes. Nous avons aussi remarqué que la valeur des voitures de luxe d’occasion a beaucoup diminué. »
Un avis que partage Martin Taillandier, copropriétaire et concessionnaire en titre de BMW Montréal Centre. « 2022 a été une année somme toute bonne pour les véhicules neufs. Par contre, si les six premiers mois de l’année ont bien commencé dans l’occasion, Q3 et Q4 ont souffert de la dévaluation des véhicules usagés, ce qui a ralenti les ventes.
Yves Varin, directeur national du service d’alimentation de données pour le Canadian Black Book, spécifie que la baisse de la valeur des véhicules d’occasion de luxe prédominait surtout dans certains segments. « La valeur de retenue des berlines de luxe par exemple a particulièrement diminué. Par contre, il y a des segments qui s’en tirent mieux, comme les VUS de luxe intermédiaires. »
Il s’agit aussi d’une réalité qui varie beaucoup d’un constructeur à l’autre et même d’un modèle à l’autre.
« Chez Porsche, nous bénéficions d’une marque dont la valeur de revente se trouve constamment au-dessus de la moyenne, et ce n’est pas attribuable seulement à la pandémie et aux ralentissements de production », explique Louis Desmeules, DG de Porsche Québec.
D’ailleurs, M. Desmeules se montre très optimiste face à 2023. « Malgré les ajustements de la valeur dans le marché de l’occasion, malgré l’arrivée de la taxe de luxe et malgré les hauts et les bas de l’économie, pour nous, tout tient la route. Les clients sont toujours présents et le carnet de commandes demeure très bien rempli. »
Norman John Hébert se fait tout aussi encourageant pour 2023. « Je m’attends à une croissance de nos ventes de véhicules neufs. Je m’attends aussi à voir plus d’options abordables sur le marché et à ce que nos inventaires soient mieux équilibrés afin de servir une clientèLe plus large. De plus, je constate depuis quelques mois que les taux d’intérêt des consommateurs qui achètent des véhicules de luxe sont généralement plus bas que dans les autres segments. On peut penser que ça va continuer en 2023. »
L’impact de Tesla
Si l’on considère Tesla comme un constructeur de luxe, alors c’est l’entreprise d’Elon Musk qui domine le marché haut la main. Non seulement elle a réalisé le plus de ventes au Québec (12 207 unités vendues en 2022), mais elle affiche la meilleure augmentation de ses ventes (bond de 93 %). En fait, les ventes de Tesla équivalent à presque 25 % de toutes les ventes de véhicules de luxe au Québec, et ce, avec seulement quatre modèles au catalogue.
À titre de comparaison, Tesla a écoulé environ deux fois plus de véhicules que BMW et 4,5 fois plus de véhicules que Cadillac, une marque qui a actuellement le vent dans les voiles grâce à un accroissement de ses ventes de 15 % et à une année record pour une troisième année d’affilée.
Malgré la bonne performance de Tesla, les Allemands demeurent maîtres des véhicules de luxe et représentent ensemble plus de 50 % des ventes de véhicules de luxe au Québec. Audi finit d’ailleurs bonne première avec 7814 ventes, mais c’est Mercedes-Benz qui est la seule des trois à afficher une augmentation, aussi marginale soit-elle.
Notons que 75 % des véhicules de luxe vendus en 2022 sont des camions.
Tous les chiffres de ventes de véhicules neufs au Québec en 2022