Le bras de fer entre Stellantis/LG Energy et Ottawa s’intensifie

L’arrêt de la construction de la future méga-usine de batteries de Stellantis NV et LG Energy Solution à Windsor, en Ontario, a eu l’effet d’une bombe. Depuis le 15 mai, un bras de fer oppose les deux partenaires au gouvernement du Canada et éclabousse l’administration de Queen’s Park.

Stellantis et LG ont annoncé lundi qu’ils interrompent les travaux pour cette usine dont la construction a été annoncée en grande pompe en mars 2022 (photo). Les deux partenaires invoquent l’incapacité du gouvernement canadien à offrir des subventions promises — une source citée par l’agence de presse coréenne Yonhap parle d’environ un milliard de dollars. Vraisemblablement, ils menacent même d’y mettre un terme définitivement.

Dans un communiqué transmis au quotidien Korea Herald de Séoul, les deux partenaires affirment en substance que le gouvernement canadien n’a pas livré ce qui avait été convenu, ce pour quoi des « plans d’urgence » ont été mis en oeuvre par Stellantis et LG.

L’effet Volkswagen

D’après le syndicat Unifor, qui représente les travailleurs canadiens de Stellantis, les deux partenaires demandent que le gouvernement fédéral ajuste l’aide promise à un niveau comparable à celui des sommes offertes à Volkswagen pour sa méga-usine de batteries de St Thomas, en Ontario.

De passage dans la capitale sud-coréenne cette semaine dans le cadre d’une mission économique, François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie à Ottawa et député fédéral de Saint-Maurice-Champlain, aurait annoncé une majoration de l’aide financière promise aux deux partenaires. Lors d’une conférence de presse à Séoul, il aurait affirmé que cette bonification serait de l’ordre de ce qui a été promis au constructeur allemand.

Il aurait, par ailleurs, signifié l’importance que le gouvernement de l’Ontario « fasse sa part » pour contribuer à résoudre cette situation. Dans un gazouillis publié sur Twitter le 16 mai, M. Champagne écrit : « Nous avons toujours dit que nous serions compétitifs par rapport aux États-Unis dans le secteur auto. Mais nous devons travailler à tous les niveaux de gouv. Ce dont nous avons besoin, c’est que l’Ontario paie sa juste part. Point final. Windsor est un endroit clé pour notre écosystème. »

Doug Ford pas content, pas content

Le lendemain, Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario, a affirmé que son cabinet n’avait pas été invité à participer aux négociations de février 2022, qui ont mené à la conclusion d’une entente et à l’annonce de la construction de l’usine, le mois suivant.

Selon le Financial Post, M. Ford se dit attristé d’être pointé du doigt. Il affirme que sa province aurait effectivement fait sa part (en 2022, Queen’s Park aurait offert une aide de 500 millions de dollars à Stellantis) et qu’il revient au fédéral de rivaliser avec les programmes d’incitatifs proposés par les États-Unis.

Le Financial Post rapporte également qu’en avril, les deux partenaires ont écrit au premier ministre Justin Trudeau pour lui rappeler qu’ils attendent la signature d’une « entente spéciale » confirmant l’issue des négociations de février 2022. Une signature que les hauts dirigeants de Stellantis et LG attendent vraisemblablement toujours selon cette missive, dont le journal dit avoir reçu des extraits.

Selon un article publié dans le Windsor Star le 17 mai, les deux partenaires envisagent même de mettre un terme à ce projet de construction.

Une usine de 5 milliards

Baptisée NextStar Energy, l’implantation de l’usine de Stellantis et LG représente un investissement de plus de 5 milliards de dollars des deux partenaires.

Cette coentreprise aura une capacité annuelle de production supérieure à 45 gigawatts-heures et doit créer environ 2 500 nouveaux emplois à Windsor et dans les environs, selon un communiqué diffusé par Stellantis lors de l’annonce du projet, en mars 2022.

Par ailleurs, soulignons qu’actuellement Stellantis est impliqué dans une autre dispute du même genre au Royaume-Uni. Le constructeur menace de fermer l’usine d’Ellesmere Port, dans le Cheshire en Angleterre, si des changements ne sont pas apportés au Brexit. Rien de moins que ça…

Photos : Stellantis

Partagez l'article

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest
Retour en haut