Reportage: On cherche une concession !

 

Notre série de reportages sur la relève au sein des concessionnaires automobiles (Dossier: vendre ou transférer sa concession, Dossier: Transférer sa concession à la famille) a vivement piqué la curiosité du couple Jérôme Fontaine et Isabelle Tremblay, de Stoneham. «On veut acheter une concession automobile, comment faire? Pouvez-vous nous aider?», nous a écrit le couple par courriel. Automédia a fait sa petite recherche…

Par: Claudine Hébert

 

D’abord, qui sont Jérôme et Isabelle? Lui, âgé de 35 ans, gravite dans l’univers du «tuning» depuis 2000. Elle, âgée de 36 ans, a déjà travaillé comme directrice commerciale pendant cinq ans chez un concessionnaire. En 2009, le couple a décidé de fonder Multi Finances Automobile et Récréatif, une entreprise spécialisée en remplacement et formation de personnel pour les concessionnaires. L’entreprise de Jérôme et Isabelle compte une bonne dizaine de clients dans la région métropolitaine de Québec, de Donnacona à Lévis.

Que recherche ce couple? Une concession automobile pour véhicules neufs ou usagés. Après quatre ans de recherches infructueuses dans la région de Québec, le couple serait même prêt à déménager pour réaliser son rêve.

Isabelle Tremblay et Jérôme Fontaine
Isabelle Tremblay et Jérôme Fontaine

 

Maintenant, la réalité

D’emblée, l’acquisition d’une concession de véhicules neufs pose des difficultés. «Actuellement, les transactions de concession s’effectuent en famille ou ce sont des groupes qui achètent. De plus, les manufacturiers ont leur mot à dire sur l’éventuel acheteur», indique le courtier immobilier commercial Guy Dupuis. Depuis 20 ans, ce dernier compte plus d’une cinquantaine de transactions du genre derrière la cravate.

Il y a aussi le volet financier qui s’invite parmi les obstacles. L’acquisition d’une concession automobile demande aujourd’hui beaucoup d’argent. Rares les transactions qui s’effectuent sous la barre des 5M$, dit M. Dupuis. «Remarquez, j’ai eu récemment quelques transactions autour d’un million de dollars (à Mont-Laurier et Cornwall). Dans les deux cas, la transaction n’incluait que les opérations de la concession, pas le bâtiment.»

Étant donné que les institutions financières vont financer les prêts jusqu’à 70% pour le volet immobilier (jusqu’à 60-65% pour le volet achalandage ou «goodwill»), les acheteurs de concession doivent avoir en poche au minimum 300 000$ en argent liquide pour une transaction d’un million de dollars. Et on parle d’au moins 1,5M$ en argent liquide pour une concession de 5M$», calcule Guy Dupuis. Ce qui peut en refroidir plus d’un.

Le courtier immobilier Joseph Harrel, de l’agence internationale Sunbelt, estime que tout dépend de l’emplacement. «Les concessions situées en région sont généralement plus accessibles», dit-il. La marque du commerce et qui sont les autres joueurs intéressés par la transaction figurent également parmi les facteurs à considérer.  «Il  y a huit ans, je me souviens de deux partenaires qui s’étaient portés acquéreurs d’une petite concession Kia dans l’île de Montréal. Un groupe avait été approché, mais ne voulait pas du commerce. Cinq ans plus tard, les deux acheteurs ont revendu la concession avec un très bon profit au groupe qui au départ n’en voulait pas», relate M. Harrel.

 

Et une concession de véhicules d’occasion?

Le couple Fontaine-Tremblay dit avoir fait analyser cette option. «Nous avons fait affaire avec un agent immobilier de la région de Québec pendant deux ans, mais sans succès», indique Jérôme Fontaine.  À l’Association des marchands de véhicules d’occasion du Québec (AMVOQ), on nous signale que les marchands bien établis ont généralement l’habitude de conserver leur commerce en famille.

Cela dit, le couple Jérôme et Isabelle manque peut-être de visibilité au sein de l’industrie automobile, estime Vincent Lecorne, président et directeur général du Centre de transfert d’entreprises du Québec (CTEQ). Une situation dans laquelle se retrouve plusieurs releveurs, tout secteur économique confondu, en quête d’une acquisition d’entreprise, dit-il. Le CTEQ a justement pour mandat de faciliter le maillage entre les cédants et les repreneurs intéressés à devenir entrepreneur.  

 

Comment justement se faire connaître?  

D’abord, le couple aurait tout intérêt à s’inscrire dans une banque de centre de transfert d’entreprise. «Il faut que le couple manifeste son intérêt d’acquisition. Ce type de transactions ne figure pas nécessairement dans les journaux et les publications à cet effet. Nos conseillers peuvent être au courant de cas d’entrepreneurs voulant vendre, mais qui n’ont pas nécessairement encore fait part de leur intention», mentionne M. Lecorne.

Se faire voir au sein de leur chambre de commerce et surtout dans le milieu des affaires liés au monde automobile servira également au couple. De participer à des événements, des colloques, des activités du secteur automobile aidera Isabelle et Jérôme à se faire connaître, ajoute M. Lecorne. Tout est une question de réseautage, de contacts.

Enfin, est-ce que la concession automobile neuve ou de véhicules d’occasion s’avère vraiment leur meilleur choix?, questionne l’agent immobilier Joseph Harrel. «À l’agence, il arrive régulièrement que l’on rencontre des repreneurs dont le profil ne correspond pas au type de commerce qu’ils recherchent. En revanche, leur type de profil se révèle plus approprié pour un autre type d’entreprise…», soulève le courtier qui compte plus de 10 années d’expérience dans l’immobilier commercial.

Reste à voir maintenant ce que fera le couple Fontaine-Tremblay. AutoMédia vous tiendra au courant, bien évidemment.

 

 

 

 

 

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