Dans le budget déposé par le gouvernement du Canada cette semaine, on a appris le non-retour de la subvention fédérale pour l’achat d’un véhicule électrique. 

On se rappellera que le 13 janvier 2025, le gouvernement fédéral avait suspendu cette subvention, dont le montant pouvait atteindre 5000 $. La date de reprise n’avait toutefois pas été spécifiée. Puis, en juin dernier, la ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Julie Dabrusi a déclaré que la subvention serait rétablie. Le dépôt du budget cette semaine nous a toutefois prouvé que la subvention fédérale pour l’achat d’un véhicule électrique était morte et enterrée. 

AutoMédia s’est entretenu avec des dirigeants et propriétaires de concessionnaires automobiles du Québec pour prendre leur pouls suite à cette décision dont l’impact est non négligeable pour leurs affaires. 

Une baisse de la demande est attendue 

Suite à l’annonce de la ministre Dabrusi au printemps dernier, des consommateurs ont mis sur pause leur magasinage de véhicule électrique en attendant le retour de la subvention fédérale. Or, en apprenant que la subvention ne sera finalement pas de retour, ces consommateurs pourraient être amenés à revoir leurs critères d’achat et ainsi écarter les véhicules électriques de l’équation. 

“L’absence de la subvention fédérale à l’achat d’un véhicule électrique nous amènera à être plus prudents dans nos commandes. Je crois que la demande va diminuer à court terme, donc nous ajusterons nos inventaires en conséquence”, a confié Mathieu Leclair, nouvellement propriétaire du concessionnaire Nissan Ste-Agathe

Mathieu Leclair (Nissan Ste-Agathe)

“Je crois que la vente de véhicules électriques deviendra de plus en plus difficile, surtout avec la disparition de la subvention fédérale et la réduction de la subvention provinciale prévue le 1er janvier”, a ajouté l’homme d’affaires établi dans les Laurentides. Notons que le programme Roulez vert du gouvernement du Québec prévoit une réduction de 4000 à 2000 $ en ce qui concerne la subvention maximale octroyée pour l’achat d’un véhicule électrique neuf dès le 1er janvier 2026. Pour cette raison, Denis Leclerc (président, Albi Le Géant), “suggère au client de bouger maintenant”. 

De son côté, Mathieu Petit (directeur des ventes, Boisvert Ford) estime “qu’à court terme, les ventes seront certainement affectées. Par contre, le marché se rééquilibra à long terme”. 

L’appui du manufacturier et la transparence demeurent des éléments clés 

La pression de vendre des véhicules électriques ne doit pas reposer uniquement sur les concessionnaires. Au cours des derniers mois, les manufacturiers ont été nombreux à appliquer d’importants rabais en plus de subventionner largement les taux d’intérêt pour les véhicules électriques. Il sera intéressant de voir “la réaction des manufacturiers et de la possibilité qu’ils offrent eux-mêmes des incitatifs additionnels”, a laissé savoir Mathieu Leclair. 

À cette réflexion, Denis Leclerc apporte son grain de sel en mentionnant que “ça apporte un peu de confusion” étant donné que le retour de la subvention avait été annoncé et le gouvernement fédéral a ensuite fait marche arrière. “Il faut vraiment être précis et transparent avec le client”, ajoute-t-il. 

Denis Leclerc, président d’ALBI le Géant

Les concessionnaires demeurent motivés et déterminés à vendre des véhicules électriques 

Malgré l’annonce du non-retour de la subvention fédérale accordée pour l’achat d’un véhicule électrique, les concessionnaires ne se laissent pas abattre. 

“Nous demeurons motivés et déterminés à répondre aux besoins de nos clients. Ce sont eux qui dictent le marché. Nous continuerons à servir les clients qui souhaitent un véhicule électrique, hybride ou à combustion. Chaque type de motorisation a sa place, et notre rôle est de proposer le bon véhicule selon les besoins réels de chaque client”, a commenté Mathieu Leclair. 

Le son de cloche est similaire pour le directeur des ventes chez Boisvert Ford. “Les subventions n’influencent pas notre détermination à vendre ce genre de produits. Nous sommes toujours motivés par les changements positifs de l’industrie et nous croyons que les produits électriques feront partie des solutions pour répondre aux normes environnementales”, a mentionné Mathieu Petit. 

En somme, nous retenons que les concessionnaires interrogés s’attendent à une diminution de la demande à court terme et qu’ils espèrent une collaboration des manufacturiers. En revanche, ils se disent généralement motivés à poursuivre la vente de véhicules électriques malgré le non-retour de la subvention fédérale. Partager