La division canadienne de Nissan vient de connaître un remarquable premier trimestre (28 048 ventes, soit +44,3% par rapport à 2023), février ayant été son meilleur mois depuis son arrivée au pays en 1965 : rien qu’au Québec, on parle de 2 783 unités (en incluant les flottes) et 2 511 (détail seulement). L’Ariya a connu ses meilleures ventes depuis son lancement en janvier 2023 et le Rogue a enregistré son meilleur mois canadien à vie. AutoMédia s’est donc assis avec Marc-André Sanscartier, directeur régional du Québec depuis 2019, pour discuter de ces succès et de plusieurs autres sujets.
AutoMédia : Comment expliquez-vous ces bons résultats ?
Marc-André Sanscartier : Ce n’est pas un hasard. Nous avons mis en place de belles choses. Par exemple, avec nos investissements médiatiques. L’arrivée du Rogue 2024 enrichi d’améliorations a été combinée à une liquidation des modèles 2023. Cette stratégie a stimulé les ventes. Nous savions aussi que la connaissance du Ariya chez certains consommateurs n’était pas suffisante. Une stratégie publicitaire a résulté en des ventes record. Ajoutez à cela les dernières unités offertes aux consommateurs du Qashqai, un modèle qui a jumelé bonne réputation et bon volume de ventes ces dernières années. Bref, combinez toutes ces raisons, sans oublier les ventes du Kicks, un autre favori des Québécois, et vous comprenez pourquoi nous avons été capables de réaliser ce genre de performances.
AM : Combien de concessions Nissan au Québec ?
M-A S : Nous sommes à 62 depuis la récente ouverture de la nouvelle concession du Groupe Gabriel à Pointe-aux-Trembles.
AM : Est-ce qu’une 63ᵉ est à l’horizon ?
M-A S : Nous surveillons toujours les opportunités dans certains marchés mais, pour le moment, nous sommes satisfaits avec 62.
AM : Nissan a été l’un des premiers constructeurs à faire confiance aux groupes de concessions, notamment parce qu’il est plus simple de travailler avec un président qui représente plusieurs établissements. Votre opinion n’a pas changé ?
M-A S : Non car ces propriétaires sont des spécialistes dans leur marché respectif, dans le sens que les groupes ont tendance à développer une certaine capacité géographique. Par exemple, Gabriel (5 concessions) s’intéresse au Grand Montréal, ALBI (3) à la couronne Nord, tout comme Belvédère (2), pendant que Beaucage (5) s’occupe de l’Estrie. Ils savent comment avoir un impact dans leur marché. Ça favorise les communications.
AM : Les chiffres du Québec pour l’Ariya sont si bons que ça ?
M-A S : 147 unités vendues en février (58 en janvier et 120 en mars), c’est un très fort roulement. Historiquement, un mois régulier pour l’Ariya se chiffrait à 80-85 unités. Parfois des performances intéressantes autour de 100 unités. Faute de disponibilité, nous sommes descendus à 60-70 par mois. Donc vraiment une belle progression.
AM : Avec des délais de livraison raisonnables ?
M-A S : Nous sommes en mesure de combler les commandes avec les inventaires en stock. Sinon, le client place une commande dans le système. On fonctionne selon les allocations et, comme c’est un véhicule construit au Japon, le client pourrait recevoir son Ariya d’ici trois à quatre mois. Par ailleurs, toutes les versions sont admissibles à la subvention du gouvernement provincial, ce qui n’était pas le cas en 2023. Avec l’annonce récente du gouvernement provincial (ndlr : l’élimination progressive de la subvention), nous devrions théoriquement assister à une course au VÉ d’ici la fin de 2024.
AM : Trouves-tu que l’abolition du programme Roulez vert d’ici 2027 aurait pu être moins rapide ?
M-A S : On s’attendait à ce que le rabais soit réduit de manière progressive mais peut-être pas aussi rapidement. De toute façon, nous, on s’ajuste à toutes les différentes stratégies gouvernementales. On continue à croire aux VÉ. Chez nos concepteurs, il y a un engouement. Les équipes à l’interne veulent mettre les meilleurs produits sur la route. Les effets de l’annonce du gouvernement vont aussi dépendre des approvisionnements des autres manufacturiers. Aurons-nous un gros achalandage en 2024 ou surtout de la curiosité ? Quel sera l’impact pour les prochaines années ? On verra bien.
AM : Le ministre Éric Girard évoque, entre autres, la diminution de l’écart de prix entre un véhicule à essence et un VÉ pour justifier la fin des subventions. D’accord ?
M-A S : Les clients sont plus éduqués. Ils comparent les dépenses relatives à un véhicule à essence et celles d’un VÉ. De plus, les différents manufacturiers introduiront des VÉ dont le prix d’entrée sera de plus en plus compétitif. Donc, oui, le gouvernement n’a pas nécessairement tort.
AM : Est-ce que ton bureau-chef a demandé au Japon d’accélérer la cadence pour répondre à la demande potentielle ?
M-A S : On peut toujours ajouter des capacités de production, mais je ne veux pas parler au nom de Steve (Milette, président de Nissan Canada). C’est certain que j’espère obtenir un maximum de VÉ. Nous en sommes fiers. La Leaf a été une pionnière. À son tour, l’Ariya est spectaculaire. Nous sommes convaincus de pouvoir profiter du plein rabais jusqu’à la fin de l’année.
AM : Parlant de la Leaf, elle continue à bien se vendre ?
M-A S : 69 en janvier, 106 en février et 248 en mars !
AM : Comment distinguer vos deux VÉ ?
M-A S : Je crois que nous parlons de deux véhicules complètement différents. L’Ariya se range davantage dans le camp des VUS, avec des nouvelles technologies et, en boni, un design au goût du jour. On parle d’un véhicule qui a sensiblement le même espace intérieur qu’un Murano mais truffé de nouvelles technologies et doté d’un habitacle sophistiqué. De son côté, la Leaf a prouvé sa fiabilité et elle demeure une super bonne offre dans le marché. Par exemple, en mars, on pouvait louer une Leaf sur 48 mois pour 399$ par mois, moins les pleines subventions. En somme, l’Ariya nous propulse dans le futur de Nissan, tandis que la Leaf mise sur la fiabilité, l’efficacité, une autonomie décente et un prix ultra compétitif.
AM : La comédienne Karine Vanasse est votre porte-parole au Québec depuis trois ans. Cette entente rapporte toujours des dividendes à Nissan ?
M-A S : Nous sommes très heureux de poursuivre ce partenariat et, personnellement, j’y crois beaucoup. Karine est proche des concessionnaires. C’est une femme très occupée mais qui trouve toujours du temps pour Nissan. Elle ne craint pas d’essayer de nouvelles affaires, elle pousse le marketing à créer des choses différemment. Nous commençons à l’utiliser au Canada anglais et on constate déjà une tangente positive.
AM : Tu diriges le Québec et Steve Millette dirige le Canada. Deux Québécois. Est-ce que ça favorise la Belle Province ?
M-A S : Steve et moi, on se connait depuis longtemps et c’est une relation que nous continuons à développer. Je pense que Steve est un leader exceptionnel et d’avoir un président québécois, ça ne peut pas nuire. J’ai été chanceux de pouvoir le côtoyer durant ma carrière. Je sais qu’il n’est jamais très loin. Il est en vacances aujourd’hui et, pourtant, nous nous sommes textés ce matin. Bien sûr, il traite tout le monde de façon juste et équitable, c’est une autre de ses grandes qualités, mais sa compréhension du marché québécois fait en sorte que si on a des interventions à faire au Québec, il saisit bien pourquoi on les demande et il agit en conséquence.