La pandémie de Covid-19 est en train d’entraîné une fermeture de concessionnaires canadiens à grande échelle. Cela va avoir un impact significatif sur les perspectives de l’industrie automobile canadienne, soutient l’équipe du Canadian Black Book dans son bulletin mensuel «The Value». Le CBB, qui suit la situation de près, y va de quelques perspectives.

 

Les points positifs

Le 13 mars dernier, la Banque du Canada a réduit de 50 points le taux d’intérêt de référence de la banque centrale, ce qui le porte à 0,75 pour cent. L’équipe de CBB prévoit de nouvelles baisses de taux dans les semaines qui suivent. Cela sera utile pour tous les secteurs de l’économie, notamment pour les prêts automobiles.

Le dollar canadien, qui vient d’atteindre un creux en quatre ans, laisse entrevoir une hausse des exportations de véhicules d’occasion vers les États-Unis.

Et à ce propos, parce que l’approvisionnement de véhicules neufs pourrait devenir problématique dans un avenir rapproché (en raison de la fermeture temporaire de certaines usines de fabrication et de fournisseurs de pièces), la demande pour des véhicules d’occasion de qualité (et le CBB insiste sur le mot qualité) augmentera. Selon le CBB, de nombreux concessionnaires se préparent déjà pour cette éventualité. « Nous prévoyons une augmentation de la demande pour des véhicules récents et peu utilisés. Cela devrait provoquer un renforcement des prix d’occasion sur les modèles 0-4 ans », peut-on lire dans le document du CBB.

 

« Il s’agirait du niveau de ventes atteint au lendemain de la crise économique de 2009 », signale Yves Varin, directeur national du service d’alimentation de données du Canadian Black Book.

Trois scénarios négatifs à envisager

Des fermetures d’usines prolongées ainsi que la perturbation des échanges et des voyages entraîneront évidemment un ralentissement économique, ce qui pourrait se traduire par une éventuelle récession. Du coup, le CBB prévoit une importante réduction importante des ventes de véhicules neufs au pays en 2020.

Selon le CBB, il y a trois scénarios possibles. Dans le meilleur des cas, la situation actuelle se traduira par un ralentissement en mars et avril. Les activités normales pourraient néanmoins reprendre avec l’été. Autrement dit, on pourrait assister à une baisse de 10% de nouvelles ventes, ce qui représenterait 1,72 million d’unités en 2020.

S’il y a récession – ce qui entraînera une baisse de confiance des consommateurs ainsi qu’une augmentation du taux de chômage – les ventes de véhicules neufs pourraient diminuer d’au moins 25%, soit 1,44 million d’unités en 2020. « C’est le scénario, parmi les trois, que nous surveillons de plus près. Il s’agirait du niveau de ventes atteint au lendemain de la crise économique de 2009 », signale Yves Varin, directeur national du service d’alimentation de données du Canadian Black Book.

Yves Varin, Directeur national du développement des affaires, Canadian Black Book

Si cette récession s’avérait beaucoup plus sévère, le CBB prévoit une chute de ventes d’au moins 40%, ce qui se traduirait par 1,15 million d’unités pour 2020. 

Enfin, la chaîne d’approvisionnement pour les pièces et véhicules neufs est déjà radicalement perturbée. Mais lueur d’espoir, la Chine reprend du mieux. Et pour Yves Varin, cette situation exceptionnelle sera probablement l’occasion pour l’industrie automobile de franchir une autre étape. « Cette situation d’isolement volontaire va inéluctablement apporter des changements dans les façons de faire des concessionnaires. Plusieurs vont enfin se tourner vers le commerce électronique. Depuis déjà deux ans que les technologies, qui ne demandent qu’à être exploitées, sont présentes au Canada pour favoriser ce virage au sein des concessions automobiles.  Reste à voir maintenant comment évoluera la situation. » 

 

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