Comment se porte le joyeux monde du véhicule d’occasion ?

Voilà une question qui paraît toute simple, mais y répondre ne l’est pas autant. Pour y arriver, il faudrait creuser en profondeur chaque élément qui compose notre industrie. Cela risquerait d’être long. Je me permettrai donc de faire une analyse de la situation à haute altitude. Par Steeve De Marchi, MBA, Directeur général de l’AMVOQ 

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Industrie en changement

Tous s’entendent pour dire que les dernières années ont été marquées par un marché plus volatil que jamais. La pandémie a démontré qu’il est possible de vendre des véhicules « en ligne ». Cette tendance était déjà amorcée bien avant la COVID, mais les confinements forcés sont venus accélérer la preuve de ce concept. Il sera intéressant de voir si – et comment – cette nouvelle pratique sera adoptée par l’ensemble du marché. De son côté, l’Office de la protection du consommateur (OPC) n’approuve pas encore la vente 100 % en ligne. Malgré sa popularité croissante, elle reste « illégale » pour le moment. Il est à prévoir que cet élément entraînera des conséquences à long terme sur notre industrie. 

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Concernant les prix des véhicules d’occasion, les règles de tarification ont été inversées pour la première fois en plusieurs décennies avec des prix de détail plus bas que les prix d’encan. Nous avons donc eu à composer avec un marché où le plus difficile consistait – et consiste encore – à acheter et non pas à vendre. 

 

Avec la combinaison de tous ces éléments, la « bulle automobile » n’a cessé de gonfler jusqu’au printemps 2022. La Banque du Canada a renversé la situation avec une série de hausses successives de son taux directeur. Bref, des années en montagnes russes. 

 

Industrie malmenée

Au-delà des changements reliés à la pandémie, il faut dire que notre industrie a été passablement malmenée dans l’opinion publique, autant par les autorités réglementaires que par les journalistes. L’OPC rapporte que la vente de véhicules d’occasion génère près de 16 % de toutes les plaintes qu’elle reçoit année après année. De son côté, l’AMF continue de scruter la « distribution sans représentant » de produits financiers par les commerçants de véhicules. En ajoutant à cela les différentes demandes de recours collectifs, il n’est pas surprenant de constater que nous sommes sous la loupe des journalistes.  

 

Après un premier trimestre intéressant, on se questionne encore sur les tendances de 2023. Les économistes et autres devins de la finance proposent différents scénarios. Certains prédisent un crash, un tsunami économique et pensent que nous « allons écoper ». D’autres pensent qu’il y a « matière à prudence, mais pas de panique ». Où se trouve la réalité dans tout ça ?  

 

Indicateurs

Une analyse sommaire des indicateurs économiques nous permet d’entrevoir l’avenir avec un optimisme prudent. Le prix des matières premières et du transport diminue, ce qui est bon pour tous. Aussi, le Canada s’en tire mieux que les États-Unis sur le plan de l’emploi. La situation politique est encore très « tendue » dans le monde, mais encore une fois, le Canada est relativement stable. Le prix de l’énergie (électricité et gaz) a presque quadruplé en Europe (x 10 en France), mais nous nous en tirons très bien au Canada. Par ailleurs, le taux de délinquance sur les prêts hypothécaires est au niveau le plus bas depuis 30 ans au Canada. Cette donnée risque de changer dans les prochains mois, mais le niveau d’épargne des consommateurs canadiens est plus haut qu’il ne l’a été depuis plusieurs années, alors qu’il est en baisse aux États-Unis. Excellent pour nous. 

 

Bref

Si on ajoute aux perspectives économiques positives le fait que les inventaires de neuf reviennent tranquillement à un niveau permettant de libérer des véhicules d’occasion, et sans parler des glitchs de la transformation numérique de la SAAQ, l’avenir est certainement plus prometteur qu’il y a deux ans. Évidemment, il y a encore des turbulences à prévoir. Il nous reste probablement 8 à 12 mois d’incertitude et de montagnes russes. La question est de savoir comment se préparer pour les prochains mois/années. 

 

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