À une époque pas si lointaine, acheter une voiture d’occasion pour ensuite la revendre à un particulier était chose relativement simple. Une vérification des freins, des pneus, de l’état de la carrosserie et de quelques accessoires suffisait la plupart du temps. Et s’il manquait d’huile-moteur ou si le véhicule était dû pour sa vidange d’huile, on ne se posait même pas la question : 5W30 l’hiver, 10W30 l’été, c’était réglé. Par: Antoine Joubert

 

Aujourd’hui, c’est un peu plus compliqué…

Comme dans tout domaine, on retrouve différents types de commerçants. Ceux qui souvent sans scrupule ne pensent qu’à leur portefeuille, ceux qui, au contraire, n’ont en tête que le bonheur de leurs clients, et les autres, qui se situent au milieu. Évidemment, il est aujourd’hui plus difficile d’en passer de « p’tites vites » aux clients. Parce qu’il existe désormais des systèmes en place, comme celui de Carfax (anciennement appelé Carproof), qui permettent de retracer l’historique d’un véhicule. On a aussi resserré les règles à la SAAQ pour diminuer le nombre de cancers roulants sur nos routes, en limitant l’entrée chez nous de véhicules pourtant jugés perte totale dans d’autres provinces et qui finissaient quand même par être immatriculés au Québec. Est-ce que ces mesures sont bien étanches ? Bien sûr que non. Il existe nombre de subterfuges pour les déjouer. Mais au moins, elles existent.

Si j’aborde ce sujet, c’est qu’il est aujourd’hui extrêmement complexe pour un commerçant de s’assurer de la condition réelle de la voiture qu’il achète ou accepte en échange. Car un véhicule qui, au premier coup d’oeil, semble en bon état pourrait avoir été sérieusement négligé au chapitre de l’entretien. Par exemple, un véhicule à boîte séquentielle à double embrayage qui n’aurait jamais reçu de vidange d’huile et de remplacement de filtre pourrait s’avérer catastrophique pour le commerçant qui souhaite le revendre. Même risque pour l’entretien des différentiels, des systèmes de refroidissement et même des moteurs qui exigent des huiles spécifiques. Ajoutez à cela la folie des turbocompresseurs, de plus en plus répandue, qui, à cause de négligence, brisent à tout bout de champ.

Combien de fois des marchands se sont-ils procuré, disons, une Mercedes-Benz C300 à l’encan mais sans savoir que le précédent locateur avait roulé quatre ans avec de l’essence ordinaire, en n’effectuant qu’une vidange d’huile aux 30 000 km, et sans jamais se préoccuper de l’entretien des freins, du système de refroidissement et de tout le reste ? Après tout, ce locateur s’en fichait, l’auto n’était pas à lui ! Mais aujourd’hui, vous êtes celui qui vous retrouvez avec ce « problème à retardement » entre les mains.

On peut aussi évoquer la triste réalité des odomètres trafiqués. Un fléau bien réel puisque n’importe qui peut y succomber. Commerçants et revendeurs malhonnêtes, certes, mais aussi les particuliers. Ceux qui louent, qui excèdent le kilométrage alloué et qui, pour 300 $, trouvent au coin de la rue un bon samaritain pour « ajuster » l’odomètre qui passera soudainement de 113 000 à 78 000 km. Puis, sans que vous vous doutiez de rien, vous héritez de ce véhicule…

Hélas, parce que les lois concernant le trafic d’odomètre n’ont aucune dent, ce problème ne risque pas de se régler de sitôt. Dans une certaine mesure, on peut même croire qu’il est encouragé par un gouvernement qui ferme les yeux parce que la collecte des taxes est pour lui plus importante (un véhicule à plus bas kilométrage rapportant plus). En tant que commerçant, il faut réfléchir aux moyens efficaces de minimiser les risques que les véhicules alignés dans votre cour se transforment un jour en une source de soucis. Comment faire aussi pour que le reconditionnement de ces véhicules ne gruge pas votre profit ? Car en vertu de la technologie de plus en plus embarquée dans les voitures, ce problème ne fera qu’empirer. D’ailleurs, selon moi, ce phénomène constitue le plus gros défi des marchands de véhicules d’occasion. En effet, même en achetant des véhicules fiables et de bonne renommée, ils doivent débourser des sommes faramineuses pour s’assurer que le véhicule qu’ils s’apprêtent à livrer à leur client soit dans une condition adéquate.

À moins, bien sûr, que l’on choisisse la voie de la facilité. Vous savez, celle qui rime avec malhonnêteté. Mais mes parents m’ont appris qu’on finit toujours par le payer cher… Partager