Le phénomène TikTok : l’exemple de Platinium Auto

Éric Gagnon de Platinium Auto n’est pas passé inaperçu dans le paysage numérique. Avec des vidéos publiées sur TikTok, Facebook et Instagram, le marchand de véhicules d’occasion de Québec a cumulé près de 17 millions de vues en moins d’un an. « Dès les deux premiers mois, on avait déjà 10 millions de vues », raconte le copropriétaire. « Ça a marché fort dès le départ. »
Article fourni et rédigé par Auto123.
Cette notoriété, l’entrepreneur la constate tous les jours. « Les clients me reconnaissent. Ils entrent dans le bureau et me disent : Ah oui, je t’ai vu sur TikTok ! », explique-t-il avec un sourire. Ce capital de sympathie attire de nouveaux prospects et alimente les conversations.
Des retombées réelles, mais nuancées
Malgré cette visibilité impressionnante, l’impact direct sur les ventes reste plus modeste que prévu. « Je m’attendais à une augmentation de 30 % du chiffre d’affaires, mais ça n’a pas été le cas. Par contre, j’ai vendu quelques véhicules directement grâce aux vidéos, comme une Mercedes GL 550 récemment. »
L’effet est donc réel mais diffus. Selon lui, la notoriété et la confiance générées comptent autant que les ventes immédiates. « C’est un travail de longue haleine. »
Une petite équipe, un gros volume
Platinium Auto, c’est d’abord une équipe de deux : lui et son associé Dominique. « On vend entre 250 et 300 véhicules par an, parfois jusqu’à 350. Pour deux personnes, c’est énorme », souligne-t-il. Chacun se partage les tâches : mécanique, préparation, tournage et montage vidéo d’un côté, comptabilité et administration de l’autre.
L’entreprise se concentre sur un créneau précis : les véhicules d’occasion entre 5 000 $ et 15 000 $, accessibles à une clientèle large, surtout masculine et âgée de 30 à 40 ans.
Des vidéos maison au succès organique
Particularité de Platinium : toutes les capsules sont produites en interne. « De l’idée du script jusqu’au montage, c’est moi qui fais tout. Au début ça prenait 4 ou 5 heures, maintenant c’est 1h30. »
Son passé dans le marketing web l’a aidé à s’adapter rapidement. « L’IA me donne parfois un coup de main pour brainstormer des idées, mais au final c’est mon cerveau qui décide », précise-t-il.
Le succès s’est construit sans gros budgets publicitaires : « On a calculé que si on avait payé pour la même portée, ça aurait coûté près de 100 000 $. Nous, ça nous a coûté autour de 15 000 à 20 000 $ en temps et en production. »
Un service après-vente humain
Au-delà de la vente, l’homme insiste sur l’importance d’accompagner ses clients. « Si un alternateur lâche deux mois après la vente, je ne suis pas obligé de dépanner, mais souvent je le fais quand même. On prête des véhicules, on offre de la main-d’œuvre… On essaie d’aider autant qu’on peut. »
Une philosophie qui paie sur le long terme, même si certains abus le font parfois grincer des dents. « Il y a toujours des clients qui en demandent plus que ce qui est raisonnable. Mais la plupart comprennent qu’on fait notre maximum. »
Une vision claire pour l’avenir
Alors que d’autres marchands cherchent à grossir, Platinium préfère miser sur la stabilité. « La bâtisse est presque payée, on n’a pas de dettes ni de marge de crédit. On dort bien la nuit, on n’a pas de stress. Notre but, c’est de rester dans notre créneau, continuer à livrer un bon service et ne pas courir après la croissance à tout prix. Avec notre site Web moderne et épuré, une présence constante sur Marketplace et plusieurs Groupes de vente automobile d’occasion sur Facebook, on a une marge de rentabilité que les concessionnaires qui dépensent à plus finir sur des médias traditionnels ne pourront jamais atteindre. Cette approche, ancrée dans l’authenticité, fait écho à ses vidéos : simples, directes et sans artifices. « On ne vend pas du rêve, on vend des véhicules. Mais on le fait avec transparence et créativité. »
Entrevue complète avec Éric Gagnon de Platinum Auto, par Philippe Baron
Q : Quand avez-vous commencé à publier vos vidéos sur les réseaux sociaux et quels ont été les premiers résultats?
R : Dès les premières semaines, ça a vraiment décollé. Après seulement deux mois, on avait déjà autour de 10 millions de vues. On a commencé surtout sur TikTok, puis ensuite sur Facebook et Instagram. Aujourd’hui, près d’un an plus tard, la notoriété est bien installée et ça continue de croître, même si on a pris une petite pause cet été.
Q : Est-ce que cette visibilité a eu un impact direct sur vos ventes?
R : Honnêtement, je m’attendais à plus. Je pensais voir au moins 30 % d’augmentation, mais ça n’a pas été le cas. Oui, j’ai vendu quelques véhicules grâce aux vidéos, et parfois un ou deux de plus par mois suffisent à rentabiliser le temps investi. Mais globalement, ce sont surtout des retombées en notoriété. Les clients me reconnaissent, viennent me voir en disant : « Je t’ai vu sur TikTok », et ça crée une connexion.
Q : Concrètement, combien de ventes attribuez-vous directement aux vidéos?
R : En moyenne, quelques véhicules par mois. Par exemple, récemment j’ai vendu un Mercedes GL 550 de 2012 à un client de Montréal uniquement grâce à une vidéo. Donc l’impact est réel, mais ce n’est pas massif sur le chiffre d’affaires global.
Q : Parlez-nous de vos opérations. Combien de véhicules vendez-vous annuellement?
R : On tourne entre 250 et 300 véhicules par année, parfois jusqu’à 350. C’est un volume considérable pour une petite équipe. On travaille à deux copropriétaires : moi, je m’occupe des véhicules, de la mécanique, de la préparation et de la création de contenu vidéo. Mon associé gère la comptabilité et l’administration. On se complète bien, chacun fait sa part.
Q : Avez-vous remarqué des tendances particulières dans votre clientèle?
R : Notre clientèle est surtout composée d’hommes de 30 à 40 ans, souvent des familles. Pour être franc, on a très peu de clientes féminines. C’est assez surprenant, mais les femmes achètent rarement directement chez nous.
Q : Qu’en est-il de votre présence sur TikTok, Facebook et Instagram?
R : Au début, TikTok donnait des chiffres incroyables : 40 000, 80 000, parfois 600 000 vues sur une vidéo. Maintenant, les algorithmes changent constamment et c’est plus difficile. Facebook a même dépassé TikTok pour nous en termes de portée. Globalement, j’ai accumulé près de 17 millions de vues organiques, ce qui, si j’avais dû payer en publicité, aurait coûté près de 100 000 $. En réalité, ça m’a coûté autour de 15 000 à 20 000 $.
Q : Vous recevez donc aussi des leads via le web?
R : Oui, énormément. Beaucoup d’appels et de courriels, mais tous ne se transforment pas en ventes. Marketplace de Facebook reste imbattable, et je publie aussi dans une centaine de groupes automobiles au Québec. En général, notre inventaire tourne en 30 à 45 jours.
Q : Comment gérez-vous le service après-vente et les attentes des clients?
R : On essaie d’être le plus humain possible. Si un client a un problème mécanique, on va souvent l’aider même au-delà de nos obligations légales : offrir la main-d’œuvre, trouver des pièces, prêter un véhicule. Mais il y a parfois des abus, et on doit aussi rappeler aux clients que tout n’est pas couvert indéfiniment.
Q : Vous produisez vous-même toutes vos vidéos?
R : Oui. De l’idée du script jusqu’au montage, c’est moi qui fais tout. Au début, une capsule me prenait 4-5 heures, maintenant c’est environ 1h30. J’ai déjà travaillé longtemps dans le marketing web, donc j’ai pu transférer ces compétences. L’IA m’aide parfois à brainstormer des scripts, mais je reste maître du contenu.
Q : Vous êtes copropriétaire depuis combien de temps?
R : J’ai repris 50 % de l’entreprise en 2019, avant la pandémie, et je suis officiellement copropriétaire avec Dominic Lessard depuis 2023. Aujourd’hui, on est deux à gérer, et ça fonctionne très bien.
Q : Quels sont vos projets pour les prochaines années?
R : Honnêtement, on veut rester dans notre créneau actuel. La recette fonctionne, la bâtisse est pratiquement payée, on n’a pas de dettes ni de marge de crédit, donc zéro stress. On n’a pas envie de grossir à tout prix, on préfère rester solides, stables et continuer à livrer un bon service à nos clients.
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