Malgré un contexte économique et politique instable, les ventes de véhicules légers au Canada ont affiché une progression notable en mai 2025. Selon les estimations de DesRosiers Automotive Consultants (DAC), quelque 187 000 unités ont été écoulées au cours du mois, soit une hausse de 7,9 % par rapport à mai 2024, qui avait enregistré 174 000 ventes.

 

Des tarifs suspendus… pour l’instant

Comme le fait remarquer DAC dans son infolettre, cette relative solidité du marché s’inscrit dans un climat d’incertitude marqué par les tensions commerciales avec les États-Unis. Le 3 mai dernier devait marquer l’entrée en vigueur de tarifs douaniers américains de 25% sur les pièces automobiles importées dans le cadre de l’Accord CUSMA, mesure qui aurait perturbé les chaînes d’approvisionnement nord-américaines. Leur suspension de dernière minute a offert un court répit au marché.

Au Canada, les contre-mesures tarifaires annoncées par Ottawa sont quant à elles bien en vigueur depuis le 9 avril. Elles affectent principalement les véhicules importés des États-Unis. Selon DAC, environ 41% des véhicules légers vendus au pays au premier trimestre provenaient de nos voisins du sud. Toutefois, les cinq constructeurs qui assemblent au Canada, surnommés les « Five Guys » par DAC, bénéficient d’une ordonnance spéciale de remise de droits qui atténue considérablement l’impact des tarifs sur leurs véhicules.

Tel que le souligne Andrew King, associé directeur chez DAC : « Si l’on exclut les véhicules de ces cinq constructeurs (GM, Ford, Stellantis, Toyota et Honda), la part des ventes réellement exposée aux tarifs de 25% tombe à moins de 9 % du marché. »

Cela dit, certains modèles spécifiques, entièrement produits aux États-Unis et non couverts par l’ordonnance canadienne, pourraient voir leur prix grimper au point d’en compromettre la compétitivité.

 

Une augmentation de prix dès juin?

Dans une entrevue accordée à Automotive News Canada, Robert Karwel de J.D. Power Canada indique que les prix des véhicules neufs au Canada commenceront à augmenter dès juin à mesure que les stocks pré-tarifs provenant des États-Unis s’épuisent, remplacés par des modèles assujettis à des tarifs pouvant atteindre  jusqu’à 25%. Toutefois, l’impact prévu a été révisé à la baisse : l’augmentation moyenne par véhicule serait plutôt de 4%, soit environ 2 000 $, portant le prix moyen à 51 000 $. Cette hausse variera selon les marques et les segments, les camionnettes et VUS américains étant les plus touchés. L’effet sera asymétrique, car certains constructeurs absorberont une partie des coûts pour stabiliser leurs ventes, souvent en réduisant les incitatifs plutôt qu’en haussant les prix affichés. 

 

Et maintenant ?

Toujours selon DAC, la situation actuelle demeure incertaine. Le report des tarifs américains ne constitue pas une résolution, mais bien une pause temporaire dans une crise qui continue de couver. Tous les regards se tournent maintenant vers le Sommet du G7 à Kananaskis, en Alberta, prévu pour le 15 juin, où l’on espère un apaisement des tensions. Mais le risque d’un durcissement demeure bien réel.

Pour des données régionales et une analyse détaillée par segment ou motorisation, contactez Daniel Azarov par courriel à daniel@desrosiers.ca. Partager