Maxime Théorêt

Ventes et acquisitions : l’état des lieux après le confinement

Alors que certaines industries, tels la restauration et le tourisme, ont été frappées de plein fouet, l’industrie automobile et son réseau de concessionnaires ont su tirer leur épingle du jeu grâce à une extraordinaire résilience. Par Maxime Théorêt, CPA, CA, partenaire et CFO, AutoCap / DSMA

Chaque crise apporte son lot de scénarios imprévus. Celle de la COVID-19, en prenant le monde entier par surprise, a eu des impacts bien différents selon le type d’industrie. Aujourd’hui, plusieurs souffrent financièrement, tandis que d’autres tirent profit de la situation. Sur le marché boursier, par exemple, qui aurait prédit que le S&P 500 exploserait vers des sommets historiques et vivrait un mois d’août record, le meilleur en fait depuis 1984 ? Qui aurait prédit que le marché immobilier serait en pleine ébullition avec des offres multiples et des prix de vente supérieurs aux prix demandés dans plusieurs territoires ? Et qui aurait pensé que le nombre de transactions achat/vente entre concessionnaires d’automobiles atteindrait un sommet en 2020 ? En pleine pandémie !

 

 

Les différents acteurs sont plus motivés que jamais à transiger et à conclure des ententes gagnant-gagnant. 

Deux extrêmes 

D’une part, il n’est pas vraiment surprenant d’apprendre que le nombre de transactions et de fusions/acquisitions, toutes industries confondues, soit au plus bas depuis la grande récession de 2008/2009. C’est exactement ce que les différents rapports sur le niveau d’activité recensent depuis le début de la crise sanitaire. Il semble normal que les administrateurs des sociétés préfèrent protéger leurs liquidités et mettre leurs projets d’acquisitions sur la glace. D’autre part, la situation est tout autre dans l’industrie automobile, où nous assistons présentement à un très grand nombre de transactions, tant au Québec qu’au Canada et aux États-Unis.

La réouverture des salles de montre le 25 mai dernier a déclenché la reprise des négociations entre concessionnaires dès le mois de juin. Une espèce de moratoire s’était établi de lui-même entre le début de la crise et la reprise des ventes. Maintenant, une fébrilité est palpable dans l’ensemble du secteur. Les différents acteurs sont plus motivés que jamais à transiger et à conclure des ententes gagnant-gagnant. 

 

 

Quand l’incertitude devient l’ennemi numéro un, il devient également très difficile de prendre des décisions d’affaires, surtout celles qui auront des impacts à long terme. 

Inquiétante incertitude

Si les rebonds de juin et juillet ont permis à la plupart des franchisés de renflouer les coffres ou, au moins, à éponger les pertes des mois précédents, ces derniers auront été difficiles pour tous les gestionnaires d’entreprise. Quand l’incertitude devient l’ennemi numéro un, il devient également très difficile de prendre des décisions d’affaires, surtout celles qui auront des impacts à long terme. 

Bien que ce climat d’incertitude ne se soit pas encore dissipé tout à fait, de nombreux concessionnaires sont en très bonne position pour prendre de l’expansion, surtout ceux qui ont su accumuler des liquidités durant le dernier cycle haussier alors que l’industrie pétait le feu. On le sait, au cours des 10 dernières années, les ventes ont été particulièrement au rendez-vous, année après année, atteignant de nouveaux sommets. Certes, une correction était prévisible, tôt ou tard, mais personne n’aurait pu prévoir qu’elle serait aussi rapide et intense, provoquée de surcroît par un virus, et qu’elle affecterait autant les affaires que le quotidien de tout un chacun.

 

Les négociations peuvent bien parfois prendre plus de temps, elles restent fluides et équilibrées entre les acheteurs et les vendeurs.

Foncer mais prudemment 

Ceux qui auront la chance de profiter de la crise pour se positionner dans le marché, soit pour prendre de l’expansion, soit pour opérer une sortie vers la retraite, sont donc ceux qui auront conservé des liquidités suffisantes. Surtout qu’il faudra plus de liquidités dans le contexte actuel, car les partenaires potentiels se montreront probablement plus prudents. Ils souhaiteront voir des ratios financiers encore meilleurs que d’habitude avant de foncer. 

Cela dit, même si tous les acteurs de l’industrie demeurent prudents, l’optimisme est de rigueur. Les négociations peuvent bien parfois prendre plus de temps, elles restent fluides et équilibrées entre les acheteurs et les vendeurs. En somme, acquisitions et ventes de concessions se poursuivent dans un marché qui se veut actif et résolument en santé.

 

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