Un choc pour les constructeurs automobiles étrangers en Chine

Si les constructeurs automobiles mondiaux croyaient étendre leur domination en Chine à l’ère électrique, les statistiques de ventes indiquent le contraire. Tesla est la seule marque étrangère dans le top 10 cette année.

General Motors et Volkswagen prennent du retard sur les acteurs locaux du marché des véhicules électriques (VE) en Chine, un pays essentiel pour financer et développer leurs ambitions électriques et autonomes.

Pour Tianna Cheng, employée de bureau à Pékin, le dilemme lors de l’achat de son multisegment électrique Xpeng de 180 000 yuans (27 000 $ US) était de choisir entre une voiture BYD ou une Nio – deux nouveaux constructeurs chinois. Dans sa réflexion, les marques étrangères n’ont aucunement été envisagées.

« Je voulais un véhicule électrique, et à part Tesla, j’ai vu peu de marques étrangères appliquer correctement la technologie intelligente avancée », a déclaré la jeune femme de 29 ans. Les marques étrangères, que ce soit la Buick Velite 7 ou l’ID de Volkswagen, n’ont pas réussi à lui fournir un VÉ capable de lui offrir le confort d’avoir une expérience de type smartphone dans son véhicule.

« Les étrangères sont si loin de ma vie et de mon style de vie. »

Elle recherchait un assistant numérique capable de gérer les connexions à des applications comme Alipay et Taobao et qui « fait tout pour moi, de l’ouverture des fenêtres à la mise en marche de la musique » et avec plus de mises à jour en direct.

Même réflexion pour Li Huayuan, un ingénieur civil de Shanghai, lorsqu’il a acheté sa berline électrique BYD l’année dernière pour 290 000 yuans (43 000 $ US), assurance comprise. « Il me semble que seule Tesla se démarque des marques américaines. Les autres marques ne me semblent même pas compétitives. »

Stimulées par la demande de consommateurs comme Cheng et Li, les ventes de voitures électriques explosent sur le marché automobile chinois d’environ 500 milliards de dollars, le plus grand au monde.

Selon les données de l’Association chinoise des constructeurs automobiles, au premier quart de 2022, le nombre de voitures particulières à énergie nouvelle – VE purs et hybrides rechargeables – a plus que doublé par rapport à 2021 pour atteindre 1,49 million de voitures.

À part Tesla qui se trouve au troisième rang, les autres grands vendeurs sont toutes des marques chinoises. Le leader chinois BYD a vendu environ 390 000 véhicules électriques dans le pays cette année, soit plus de trois fois plus que le leader mondial Tesla. Même le constructeur automobile traditionnel le mieux classé Volkswagen avec FAW Group se retrouve à la 15e place.

 

Rappel à la réalité

C’est tout un renversement. Historiquement, les marques mondiales dominent en Chine depuis les années 1990, remportant une part collective de 60 à 70 % des ventes de voitures particulières ces dernières années. Au cours des quatre premiers mois de 2022, ils n’ont capturé que 52 %, dont 43 % en avril.

Signalant l’ampleur du défi auquel sont confrontés les constructeurs automobiles traditionnels, le PDG de Nissan, Makoto Uchida, a déclaré à Reuters que certaines marques « pourraient disparaître d’ici trois à cinq ans » en Chine. « Les marques locales deviennent plus fortes », ajoutant que la qualité des véhicules électriques des fabricants chinois s’était rapidement améliorée.

« Il y aura beaucoup de transformations en Chine et nous devons surveiller attentivement la situation. Les constructeurs automobiles se doivent d’être agiles dans la conception, le développement et le lancement de nouveaux modèles. « 

Bill Russo, un ancien dirigeant de Chrysler qui conduit maintenant le cabinet de conseil Automobility basé à Shanghai, a déclaré : »les marques chinoises gagnent la course aux VE ». Il a souligné que le passage des consommateurs aux voitures qui sont essentiellement des smartphones sur quatre roues semblait irréversible. Les consommateurs recherchent une expérience de services numériques centrée sur l’utilisateur avec un accent sur l’interface, la connectivité et les applications.

Du côté de GM, on se concentre désormais sur la conquête de jeunes acheteurs. Le constructeur a annoncé des plans d’électrification prévoyant dépenser plus de 35 milliards de dollars dans le monde d’ici 2025. Il compte livrer plus de 30 nouveaux véhicules électriques, dont plus de 20 en Chine, à partir de cette année avec le lancement du SUV crossover entièrement électrique Cadillac Lyriq. Ce dernier sera suivi d’un SUV Buick électrique et d’un multisegment électrique plus petit et plus sportif, tous deux prévus dès cette année.

GM a aussi déclaré à Reuters qu’il visait à installer une capacité de production d’un million de véhicules électriques par an d’ici 2025 en Chine. La demande pour la famille Buick Velite NEV et Chevrolet Menlo EV « a augmenté de manière significative » en 2021 et au cours des trois premiers mois de cette année.

Quant aux ventes de Buick, elles ont diminué de 32 % au cours des cinq dernières années pour atteindre 828 600 véhicules en 2021, tandis que Chevrolet a diminué de plus de la moitié pour atteindre 269 000 véhicules, selon LMC Automotive. Dorénavant, le déploiement des technologies intelligentes, notamment l’assistance mains libres à la conduite sur les autoroutes, la cybersécurité « de qualité aéronautique » et les mises à jour logicielles en direct seront à l’avant-plan.

Enfin, Volkswagen, qui dépensera environ 55 milliards de dollars mondialement pour les véhicules électriques d’ici 2026, a récemment lancé sa nouvelle génération d’ID. La série a toutefois raté son objectif de vendre 80 000 à 100 000 voitures l’année dernière. Cette année, l’objectif de 160 000 à 200 000 ID sera difficile à atteindre puisque seulement 33 300 voitures ont trouvé preneurs depuis avril.

Pour le constructeur allemand, la demande de NEV en Chine est fortement liée au thème de la « voiture intelligente », d’où des investissements dans la R&D locale, en particulier dans les logiciels. « D’ici 2030, nous voulons être le leader du marché des VÉ et ainsi faire en sorte que Volkswagen reste le numéro un en Chine à l’avenir ».

Selon les experts, les préoccupations des marques étrangères pour leurs nouveaux VÉs sont centrées essentiellement sur les intérêts des marchés américains et européens, mettant l’accent principalement sur les performances et la durabilité. Les constructeurs devront s’ajuster, et ce, rapidement à la réalité orientale. Par exemple, il faut penser au trafic dans les grandes villes et tenir compte de la plupart des conducteurs en Chine qui conduisent à moins de 60 km/h la plupart des jours !

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