Impossible de ne pas parler de l’engouement des Québécois pour les camionnettes. En 2020 la catégorie des pick-ups, tous formats confondus, a représenté 23 % des ventes de camions dans la Belle Province – et 17 % de toutes les transactions automobiles. D’autant que pour certains concessionnaires arborant les bannières américaines, elles représentent 80 %, voire 90 % des transactions de l’établissement…
Sans surprise, le Ford F-150 est demeuré le champion incontesté de ce palmarès, avec 19 342 unités cédées au Québec l’an dernier. C’est une baisse de 19 % par rapport à 2019, mais quand bien même : le Ford F-150 a conservé ses parts de marché, représentant encore 5,3 % de toutes les ventes de véhicules neufs enregistrées en 2020 au Québec.
Par contre, c’est GM qui a vendu le plus de camionnettes l’an dernier dans notre marché; son duo Chevrolet Silverado/GMC Sierra a franchi le cap des 20 000 ventes, devançant celles du F-150 par 1175 unités.
Même phénomène chez les camionnettes dites compactes : l’an dernier, le Ford Ranger a frôlé les 1900 ventes, mais celles combinées des Chevrolet Canyon/GMC Colorado ont dépassé les 2300 unités (2363 unités, pour être exact). Notons que dans cette catégorie, c’est le Toyota Tacoma qui est demeuré grand champion – avec presque 2500 ventes.
Des camions qui se distinguent
Le Jeep Gladiator (+141 %), le Ford Explorer (+92 %) et le Hyundai Palissade (+74 %) ont tous affiché une belle croissance de leurs ventes au Québec pour 2020. D’ailleurs, le Hyundai Palissade s’est vendu presque deux fois mieux que son cousin, le Kia Telluride (1040 contre 567 unités).
« Nous aurions pu vendre aisément une trentaine de Kia Telluride de plus en 2020 tellement la demande était présente. Malheureusement, nos stocks n’étaient pas suffisants. Certes, on peut cibler la COVID-19 comme responsable, mais à mon avis, le constructeur a sous-estimé l’engouement des Québécois pour le modèle. Une situation qui devrait être corrigée en 2021. » – Un concessionnaire Kia qui souhaite garder l’anonyma
L’importance de rester « jeune »
Cette année, le populaire Nissan Rogue est tombé d’une septième place à la toute dernière position du Top 10 des camions les plus vendus au Québec. Quant au Hyundai Tucson, il disparaît carrément du palmarès. Dans les deux cas, une nouvelle génération était attendue sous peu. La corrélation ne peut être ignorée quoi qu’elle ne dresse pas un portrait toujours complet de la situation.
« Cette baisse s’explique clairement par le changement de génération du modèle qui s’est opéré en 2020. Bien que la technologie intérieure du Nissan Rogue ait évolué au fil des années, le look extérieur était le même depuis son lancement en 2014. Remarquez, le volume de ventes du Nissan Rogue s’est tout de même maintenu à plus de 35 % au cours de la dernière année au sein de la catégorie des véhicules utilitaires sport. Quoi qu’il en soit, je suis convaincu que le nouveau modèle Rogue va reconquérir le cœur des consommateurs. Déjà, la qualité des matériaux, la finition et le design en ont conquis plusieurs. Cette nouvelle génération va gagner de nombreux prix, je vous le garantis! » – Sébastien Bourgeois, gérant général chez Spinelli Nissan, à Pointe-Claire
« Certes, plusieurs consommateurs attendent la toute nouvelle génération du Tucson, dont l’espace intérieur a été refait de A à Z. Cette nouvelle version du modèle, qui sera accessible dès le mois de mai, présente également un design extérieur assez unique qui met de l’avant des phares intégrés dans la calandre. Néanmoins, la baisse de volume s’explique aussi par le manque d’inventaire. Plusieurs acheteurs n’ont pu combler leur intention d’acquérir un Tucson en 2020, faute de véhicules disponibles. Chez Ste-Foy Hyundai, on estime avoir raté une cinquantaine de ventes en raison de cette situation. » – Alexandre Saillant, vice-président Groupe Saillant, propriétaire de Ste-Foy Hyundai
La fin des « minivans » ?
L’année 2020 a été particulièrement difficile pour les fourgonnettes. Avec une chute des ventes de 35 %, il s’agit non seulement de la pire performance enregistrée du côté des camions, mais également de la seconde baisse en importance de tout le marché, après celle des voitures sous-compactes.
L’avenir du créneau est-il à craindre ? Une chose est sûre : il n’y a pas si longtemps, la Dodge Grand Caravan représentait plus du tiers des ventes de la catégorie. Mais à compter de cette année, la minivan s’éloigne de son modèle d’affaires « bon marché » alors qu’elle sera vendue sous la bannière Chrysler, avec un PDSF de base de presque 10 000 $ de plus.
« Il sera impossible de maintenir le même volume de ventes dans ce segment. Non pas parce que la Grand Caravan de Chrysler coûte plus cher que la version Dodge, mais bien parce que les consommateurs se tournent davantage vers les VUS, dont les prix et l’espace se rapprochent de ceux offerts par ce type de segment. Cela dit, bien que le volume de ventes s’annonce moindre, nous allons conserver notre place de leader dans ce segment. La Grand Caravan est très bien équipée et le nouveau modèle Pacifica hybride, qui collectionne déjà de nombreux prix, demeure encore plus abordable que ses concurrents au sein du même segment. » – Robert Bilodeau, copropriétaire des concessions Élite Chrysler Jeep Dodge Ram, à Sherbrooke, et de Magog Concept Chrysler
Les livraisons n’ont pas toujours besoin d’un fourgon
Pandémie oblige, et avec autant d’entreprises forcées de se tourner vers la vente en ligne, il aurait été naturel de voir les ventes de fourgons grimper de façon significative.
Ce ne fut pas le cas. Même qu’en 2020, la catégorie a enregistré une baisse de ses ventes de 17 %. Sur les 12 modèles offerts au marché québécois, il n’y a que le Nissan NV200 qui ait affiché une croissance – et une substantielle, avec 750 unités vendues contre 548 l’année précédente (+37 %).