Pierre Langevin, directeur général pour l’Est du pays depuis janvier 2009.

Pierre Langevin: Liberté 55 !

Après les adieux de John Arnone, directeur des relations publiques de Mitsubishi Canada (numéro de février 2018), AutoMédia vous présente ceux de Pierre Langevin, heureux retraité de 55 ans depuis le 1er janvier dernier après 32 ans à l’emploi de Honda Canada, lui qui était directeur général pour l’Est du pays depuis janvier 2009. Par Michel Crépault

 

 

L’équipe des ventes de Honda Québec en 2001 : de g. à d. à l’avant-plan, Richard Poirier, Sophie Barsalou et Jean Huneault ; à l’arrière, Michel Lauzon, Pierre Langevin, Maxime Caron, Éric Gignac, Kalim Ansar, André Valois et Yves Noel.

Grâce au hockey

À 23 ans, en 1985, Pierre complète un baccalauréat en communications doublé d’un certificat en administration au Rensselaer Polytechnic Institute, une prestigieuse université nichée au Upper State New York, en plus de gagner le championnat national américain Division 1 avec son équipe de hockey universitaire. Pareil triomphe signifie que tous les joueurs sont invités à un camp d’entraînement un peu spécial. Et voilà en effet Pierre, un 5e défenseur, qui prend part au camp d’entraînement d’été des… Nordiques de Québec !

Au bout de deux semaines, Pierre prend toutefois une décision capitale : il abandonne son rêve de hockeyeur professionnel. « Pour plusieurs raisons, raconte Pierre Langevin, installé près du bureau à Boucherville qu’il s’apprête à quitter dans quelques jours. D’abord, j’avais l’impression d’avoir fait le tour du hockey. Ensuite, pour continuer dans la ligue Américaine, j’aurais dû aller vivre sur la côte est des États-Unis et ça ne m’intéressait pas. Enfin, je voyais bien que je n’avais pas autant de talent que les autres joueurs. Par exemple, de mon équipe, 11 joueurs ont atteint la ligue Nationale, dont Adam Oates, avec qui j’ai chambré pendant trois ans à l’université. »

Sans rien dire, il quitte l’équipe. Le lendemain, les journaux titrent : « Aucune coupure, seulement un disparu ! ». Sur le chemin du retour, il fait une pause au resto Marie-Antoinette à Drummondville pour appeler sa mère et lui dire qu’il revient à la maison. Son père est déjà décédé (emporté en 1984 par une crise cardiaque à 54 ans, comme son grand-père à 44 ans), sa mère reçoit de l’aide sociale et il est clair que Pierre devra rapidement dénicher du boulot.

Il s’arrête aussi à Boucherville pour saluer son ami Sylvain Archambault, qui travaille à l’entrepôt d’Honda Canada. Pierre lui annonce qu’il a l’intention d’envoyer des CV pour se trouver un emploi. Sylvain lui suggère alors de travailler chez Honda. Pierre mentionne quand même qu’il détient un BAC et qu’un job d’entrepôt, ce n’est pas exactement son emploi de rêve. Mais son ami ajoute que Honda a une équipe de hockey…

Pierre aime dire que le mercredi précédent, il était sur la glace à Québec avec les Stastny, Goulet & Cie, et que le dimanche suivant, il patinait à Brossard avec l’équipe d’Honda Québec. « Je ne me suis jamais considéré comme un très bon joueur de hockey mais à l’aréna Les 4 Glaces, j’ai découvert mes vrais talents d’hockeyeur : dans une ligue de garage, je pouvais être très bon ! »

Qui plus est, faire partie de l’équipe lui a permis de se faire rapidement connaître au sein de la compagnie. En février, il obtient un poste permanent à titre d’analyste aux pièces. « Mais dans l’entrepôt, j’étais un excellent balayeur car je savais utiliser deux balais en même temps ! Et je m’assurais que les conteneurs de recyclage étaient pleins en sautant dedans ! »

Celui qui a commencé à jouer au hockey à l’âge de 4 ans considère que cette discipline lui a permis d’apprendre à travailler en groupe et à représenter fièrement une équipe, que ce soit au hockey ou au boulot. Un jour où il y avait beaucoup de tension entre des concessionnaires Acura, Pierre a remis à chacun d’eux un bâtonnet de Popsicle et a demandé à tout le monde de les casser, ce qu’ils ont fait. Il a ensuite rassemblé les bâtons en un paquet. Plus personne ne pouvait les casser aussi facilement. Pierre leur a ainsi fait comprendre qu’en travaillant en équipe, on est plus fort et quasiment indestructible.

Et maintenant, Pierre s’en va jouer dans une autre équipe, celle formée par ses enfants et sa conjointe basée à Paris.

 

La remise d’un chèque de 155 000$ aux Fondations Parrainage Civiques les Marronniers et Académie Zénith, une jolie somme récoltée lors du tournoi de golf annuel de Honda du Québec. En fait, grâce à la générosité des concessionnaires, le réseau québécois a remis plus d’un million de dollars à des organisations caritatives au cours de la dernière décennie.

Zéro regret

En 32 ans de carrière, plusieurs beaux souvenirs et bons coups. Comme le premier programme Image qu’il a mis sur pied à la fin des années 90 quand il était à la gestion commerciale d’Honda, un projet qu’il a piloté de 1999 à 2002 sous la gouverne de Michel Lauzon, son patron à l’époque. Par la suite, Pierre est devenu directeur d’Acura en 2002, puis Honda/Acura en 2006, et directeur général en 2009.

« Je suis fier aussi de l’association entre Honda et Martin Matte. Au-delà des publicités qui ont duré 12 ans (2001 à 2013), Honda est associée à la Fondation Martin-Matte. Honda organise un tournoi de golf annuel pour financer cette fondation et d’autres associations caritatives. Ce sont des millions qui ont été remis depuis des années. Je trouve que la générosité des concessionnaires est extraordinaire. »

Des moments moins heureux ? « Je n’ai aucun regret. J’ai toujours été honnête avec les concessionnaires. J’ai dû prendre des décisions difficiles, mais toujours pour le bien de l’entreprise. J’ai toujours fonctionné selon le concept de triple win. Chaque décision doit mener à ce que le concessionnaire, le client et Honda Canada soient gagnants. Oui, il y a eu des moments plus difficiles avec des concessionnaires et parfois j’ai peut-être manqué de compassion avec certains qui ont plus de difficultés et qui ont décidé de passer à autre chose. Humainement, c’était parfois difficile. On essaie d’être aimé et respecté par tous, mais en bout de ligne, il faut toujours que le concessionnaire fasse sa pénétration de marché de façon efficace et qu’il représente la marque convenablement. J’ai été chanceux de travailler avec des gens extraordinaires comme Jerry Chenkin, Dave Gardner, Michel Lauzon et Jacques Deschamps, que j’ai remplacé en 2009. »

 

ALEXANDRE ROGER
V.-P. ADJOINT ET DIRECTEUR GÉNÉRAL ZONE DE L’EST
POUR HONDA CANADA

Le successeur

Il s’appelle Alexandre Roger et il est « un génie de l’automobile qui a seulement 35 ans », dit Pierre Langevin.

 

L’équipe Acura Québec 2017 : Simon Martin, Marie Dunberry, Annie Morad et Erik Ferland.

Acura

Selon les médias, Acura est une marque qui, contrairement à Lexus ou Infiniti, continue de se chercher. Pierre pense plutôt que la division a beaucoup évolué même si, « pour certains ce n’est pas assez vite, ni assez loin. Pourtant, quand je regarde le taux de satisfaction élevé de la clientèle, la qualité des produits, le réseau qui est profitable, le programme Image et le service de concierge, et même si nous sommes toujours à la quête de la reconnaissance mondiale, je pense que Acura représente le luxe abordable. C’est un produit excessivement fiable dont les coûts d’entretien sont beaucoup moins élevés que les compétiteurs. C’est certain qu’il y a des choses à améliorer (3 864 ventes au Québec en 2017), mais j’ai confiance que les défis seront relevés. »

 

Honda de Chambly

Le futur

Pierre quitte l’industrie à un moment à la fois excitant et angoissant. Que réserve en effet la voiture autonome, la voiture électrique, l’hydrogène, la pollution, la congestion, le fait qu’on peut même se demander s’il y aura encore des concessionnaires dans 20 ou 30 ans ? Pierre n’aurait-il pas envie d’être au cœur des changements qui arriveront irrémédiablement? « Non, je suis serein de partir maintenant. Bien que les ventes en ligne explosent, chez Honda, la ligne est claire : une voiture se doit d’être vendue par un concessionnaire – pour l’instant du moins. Je me vois en tant que bon spectateur. Je ne reviendrai pas pour mettre mon grain de sel dans la Loi 104 (zéro émission), par exemple. D’ailleurs, je ne crois pas que la voiture électrique actuelle pourra répondre aux besoins des consommateurs d’ici, surtout à cause du climat québécois.

« Il faut bien analyser l’empreinte GES des manufacturiers. Certains offrent des VÉ mais leur raison d’être reste la vente de camions. Leur empreinte est alors plus grande que d’autres manufacturiers qui n’offrent pas de VÉ. Par exemple, Mazda, Honda et Toyota n’offrent pas de véhicules 100% électrique mais leur empreinte écologique est sobre comparée à d’autres manufacturiers. 

« Honda Chambly est l’un des premiers concessionnaires qui a annoncé, le printemps dernier, que plusieurs étapes d’une transaction pouvaient se passer en ligne. Depuis, des discussions se sont déroulées avec ce concessionnaire pour lui expliquer les limites de cette initiative. Chez Honda, tous les concessionnaires sont égaux et on ne permet pas à un concessionnaire d’annoncer qu’il pourrait avoir un avantage sur un autre concessionnaire du réseau. Toujours le travail d’équipe et la philosophie que l’union fait la force.  Tout ça dans le but de protéger le réseau, mais aussi les consommateurs. Chez Honda, tout est transparent et rien ne se trame dans l’ombre. »

 

Honda Ridgeline 2018

La popularité de la camionnette

« Tant que les prix de l’essence et du dollar canadien seront ce qu’ils sont, et que des concessionnaires d’ici en profiteront pour envoyer aux États-Unis des véhicules d’occasion, ça permet aujourd’hui à des consommateurs de bénéficier de montants plus élevés sur leur échange qu’en temps normal. Donc, pour des gens qui rêvaient de se payer un pick-up un jour, ils peuvent se le permettre. Dans d’autres régions du pays, posséder une camionnette, c’est culturel et fonctionnel. Au Québec, je pense que l’actuel engouement est une mode, mais que tant que l’accès aux pick-up sera aussi facile, certains consommateurs feront ce choix, même si le Québec est plus européen et axé sur les petites voitures.

 

À son dernier jour de travail au bureau régional de Boucherville, ses collègues l’ont fêté avec un appétissant gâteau !

La retraite

Pierre vit le rêve « Liberté 55 ». Cela fait trois ans qu’il y pense et se prépare. Comme Honda permet la retraite après 30 ans de loyaux services, cela faisait donc deux ans que Pierre était éligible à une pleine retraite, sans pénalités. « Je suis un privilégié et je le reconnais. Le fait que ma conjointe habite et travaille à Paris a fait en sorte que ma décision d’arrêter coulait de source. Aussi, la zone n’a jamais été aussi bien avec des ventes record. Je ne m’attribue pas ce succès, ce sont plutôt les concessionnaires et les produits qui en ont le mérite. »

Pour la prochaine année, Pierre prévoit passer son temps entre Montréal et Paris. Avec sa dulcinée, il continuera de découvrir les nombreux pays d’Europe et quand il sera à Montréal, il passera beaucoup de temps avec ses quatre enfants avec lesquels il entretient d’excellentes relations. Honda lui a toujours permis de se développer professionnellement, mais aussi de consacrer du temps à sa famille, notamment en lui permettant de rester à Montréal. « Le fait que j’ai pu combiner avec succès le travail et ma vie avec mes enfants me rend très fier. Ma philosophie Family First est importante, et je l’ai appliqué chez Honda. »

 

 

 

« La jeune génération écrit beaucoup des textos et des courriels mais je pense que le téléphone est encore le meilleur moyen de communiquer. Pour avoir de bonnes relations avec les concessionnaires, il ne suffit pas de communiquer avec eux trois fois par mois pour obtenir leurs résultats. Il faut connaître leur famille, leur donner un coup de main quand c’est nécessaire, retourner leurs appels et faire des suivis. »

 

 

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