Nous revenons sur les propos de l’analyste Dennis DesRosiers cité dans le numéro précédent d’AutoMédia. Grosso modo, selon lui, même si le Canada a connu en 2014 des ventes d’automobiles record, ce n’est pas grâce au Québec qui pourrait faire mieux.
Le consultant évoquait des raisons pour la faiblesse de notre marché : la propension des Québécois à acheter de petites autos et d’occasion, le climat politique instable, notre dépendance à l’économie américaine et l’austérité préconisée par le gouvernement provincial.
Ce sont effectivement des raisons qui peuvent pousser les consommateurs à exercer de la prudence au lieu d’ouvrir grand son portefeuille.
L’actualité dérangeante
Les ventes au Québec ont accusé en 2014 la plus faible augmentation au Canada, soit 2,7% dans la Belle Province contre une moyenne de 5% dans le reste du pays.
Dans les médias, les annonces de faillite dérangent : Jacob, Mexx, Smart Set, Target, etc. Des milliers d’emplois perdus. On prévoit d’autres fermetures parce que des commerçants n’auront pas les moyens d’attirer convenablement les acheteurs vers le nouveau centre d’achats par excellence : l’Internet!
Quand le Québécois apprend ce genre de nouvelles, il frissonne un peu. Il se pose des questions, genre « Et si c’était moi le prochain? »
Résultat : il attend, il n’achète pas. Et pourtant, le prix de l’essence à la baisse lui fournit plus que jamais de l’argent à dépenser pour son transport. Mais il entend aussi son gouvernement provincial lui marteler que le temps de l’austérité est arrivé si nous ne voulons pas devenir une autre Grèce!
Mélangez tout ça ensemble et il semble qu’il faille conclure avec Dennis DesRosiers que les ingrédients sont présents pour inciter le Québec à trainer de la patte.
D’un autre côté…
Prudents mais pas peureux
Le niveau d’endettement des consommateurs est élevé et son effet pernicieux a été camouflé par un plus long amortissement des prêts (84 et 96 mois). Heureusement, les banques elles-mêmes reconnaissent maintenant que ce n’était pas une bonne idée. Nous avons tous en mémoire le désastre causé par l’accès à la propriété rendu trop facile aux USA. Je crois que l’industrie a compris qu’il ne fallait pas commettre le même péché avec l’automobile.
En ce moment, le commerce en ligne représente quelque 4% des transactions au Canada. Des experts n’hésitent pas à prédire une progression de cette tendance de 20% par année. Notre dossier sur le « Marketing de contenu » (page 14) pourrait vous y préparer.
Les syndicats grognent contre l’austérité mais l’éditorialiste Michel Hébert dans Le Journal de Montréal rappelle que « le Québec reste, de très loin, la province qui dépense le plus en programmes sociaux. »
Les sondages le prouvent, la population dans son ensemble est d’accord pour que l’on cesse de pelleter des dépenses inadmissibles dans la cour de nos jeunes. Limitons nos excès, contrôlons notre budget.
Alors, oui, le portrait n’est pas parfaitement rose mais il est loin d’être catastrophique. Les analystes prédisent encore une augmentation des ventes au détail en 2015 au Québec. Au lieu de considérer le verre à demi vide, voyons-le à demi plein. Il y a encore de place à de l’amélioration, nous dit M. DesRosiers ? Tant mieux, le meilleur reste donc à venir. Mais la prudence, elle, n’a jamais ruiné personne.