Il y a une trentaine d’années, très peu de femmes occupaient le poste de directrice financière dans les concessions automobiles de la province. Aujourd’hui, elles détiennent au moins 50 %, sinon plus, de ces emplois. AutoMédia vous présente le portrait de quatre d’entre elles.
Deux jobs plutôt qu’une
Réceptionniste, secrétaire aux ventes, contrôleure, Élyse Théroux a occupé plusieurs postes dans l’industrie automobile. Mais jamais elle ne s’est sentie le mieux à sa place depuis que l’entreprise Auto Clic, à Mascouche, l’a embauchée à titre de directrice financière il y a cinq ans. « Un métier que je n’échangerais pour rien au monde », signale la directrice de 44 ans, devenue experte dans la 2e et 3e chance au crédit.
Ce qu’elle adore le plus de son métier ? « Pouvoir aider les gens à retrouver un crédit régulier », soutient-elle. Ce qui se produit d’ailleurs dans plus de 75 % des cas, mentionne-t-elle fièrement. En fait, Élyse Théroux aime tellement son travail qu’elle exerce également les mêmes fonctions chez Prêt Auto Finance, une société voisine d’Auto Clic, sur le chemin Gascon.
Remarquez, son métier lui réserve, certains jours, des moments fort émotifs. « Il arrive assez fréquemment que des clients pleurent dans mon bureau. Il faut donc prendre le temps d’écouter leurs histoires et trouver la meilleure formule », indique la maman de trois grands enfants, aujourd’hui tous d’âge majeur.
Le fait d’être une femme s’est-il déjà révélé un obstacle ? « Il survient une à deux fois par année qu’un client issu d’une communauté ethnique exige d’être servi par un homme. Chaque fois, je lève mon chapeau à mon employeur, qui ne donne jamais suite à ces demandes. Le client accepte que je traite son dossier ou on lui suggère poliment d’aller frapper à une autre porte. »
Sauter du plein air à une carrière financière
Toute petite, Marie-Michèle Isabel souhaitait un jour faire comme son grand-père, mécanicien : travailler chez un concessionnaire automobile. Après dix ans comme conseillère aux ventes dans une boutique de plein air à Rimouski, elle décide de tenter sa chance.
« En 2013, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis venue porter mon CV à la propriétaire de Rimouski Mitsubishi, Sandy Beaulieu. Je me sentais prête à vendre des véhicules plutôt que des raquettes et des kayaks », raconte Marie-Michèle.
Coup de théâtre. Au lieu de l’embaucher aux ventes, la concessionnaire lui suggère le poste de directrice financière. « J’ai dit oui instantanément… même si je n’avais aucune idée de ce en quoi consistait ce job. »
Huit ans plus tard, Marie-Michèle ne regrette nullement son choix. « Chaque fois que j’annonce à mes clients que leur demande de crédit est acceptée, ce moment devient un pur bonheur. Et plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’une 2e chance au crédit », souligne-t-elle.
Mais ce que Marie-Michèle apprécie encore plus de sa profession, ce sont toutes les connaissances financières acquises au fil des années qu’elle peut appliquer au sein de sa vie personnelle. « C’est fou combien ce métier me fait réaliser la réelle valeur de l’argent. J’aurais aimé apprendre ces notions sur les bancs d’école. Quoi qu’il en soit, grâce à mon poste de directrice financière, je possède aujourd’hui un bien meilleur bagage financier. Et cela m’a été très utile lorsque j’ai acheté ma maison. »
Il y a un problème, appelez Manon !
Depuis que Manon Robert a été embauchée, en janvier 2002, comme directrice financière chez Hyundai Casavant, à Saint-Hyacinthe, elle utilise méticuleusement la même recette : elle dirige chaque dossier client comme s’il s’agissait du sien. « D’ailleurs, tous ceux qui entrent dans mon bureau reçoivent le même message : il y a un problème, vous appelez Manon ! », dit-elle.
Cette ex-aide-gérante d’une station-service avoue ne s’être jamais perçue comme une vendeuse de produits d’assurances et de garanties. « J’ai réalisé que je fais un métier qui peut changer la vie des gens. Je suis avant tout une conseillère pour guider et aider mes clients à faire les bons choix. »
Certes, précise-t-elle, la boîte de mouchoirs n’est jamais très loin. Les émotions peuvent être assez élevées lors de certaines discussions derrière la porte de son bureau. « Heureusement, dans près de 90 % des cas, je parviens à trouver une solution de financement. »
À ce propos, Manon Robert partage une anecdote. Au début de sa carrière, elle apprenait, au jour le jour, les rouages du métier. « Lors d’une de mes demandes de crédit pour un client, le directeur d’une institution financière m’avait répondu : ‟Bien voyons, ma belle, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne !” Du coup, je lui avais répliqué : Des ‟ma belle”, je n’en veux plus. Expliquez-moi plutôt ce que je dois faire pour bien m’occuper de mon client. À partir de ce jour, cette institution est devenue mon meilleur approbateur de dossiers. »
Je suis venue, j’ai vu… j’ai assez donné !
Lorsque Sophie Gosselin a décidé d’abandonner sa carrière de conseillère en agence de voyages pour devenir directrice financière dans une concession Audi, sa motivation était principalement pécuniaire. « Je cherchais un job payant ! »
« Et pour payer, ça payait », soutient celle qui a été directrice financière pendant 12 ans au sein de la concession de marque allemande. Pourtant, en 2019, juste avant que la planète bascule en mode pandémie, Sophie quitte son emploi. « Lorsque j’ai accepté ce poste, j’ignorais à quoi ressembleraient mes journées. C’est passionnant comme travail. Toutefois, ces fonctions viennent avec beaucoup de stress et de pression », indique cette jeune quarantenaire.
Que fait Sophie aujourd’hui ? « J’ai laissé la profession, mais pas le milieu automobile. Depuis août 2020, je gère les activités comptables chez Grenier Occasion, à Terrebonne. Il va de soi que mes revenus ont fondu d’au moins 50 %. Par contre, je suis heureuse de ma nouvelle vie. Et en plus, grâce à mon expertise, je suis en mesure de donner un bon coup de pouce aux trois directeurs financiers de la concession, qui participent à plus de 1000 transactions de véhicules par année. Ce qui est tout aussi gratifiant ! »