Les indispensables comparables

Pour bien se faire comprendre, l’industrie automobile a besoin de chiffres. Les fabricants et les consommateurs ne cessent de comparer des spécifications techniques pour mieux saisir les différences entre les produits et établir un choix éclairé. Nous avons besoin de connaître la force du moteur, la distance de freinage, la consommation d’essence et mille autres informations du genre pour se faire une meilleure idée du produit en face de nous.

Alors, quand un constructeur esquive les comparaisons, ça m’agace. Prenez la récente présentation à la presse spécialisée du nouveau Honda Pilot 2016.

Le constructeur en a profité pour affirmer que le coefficient de pénétration dans l’air (Cx) du gros utilitaire s’est amélioré de 10% par rapport au précédent. Bravo. Mais il refuse de dévoiler les chiffres qui corroboraient cette affirmation, prétextant que les constructeurs utilisent trop de calculs différents pour rendre les Cx comparables entre eux.

Pourtant, les constructeurs qui communiquent leur Cx sont beaucoup plus nombreux que ceux qui les taisent. En fait, on tombe très souvent sur un fabricant qui affirme que le Cx de son nouveau véhicule est désormais le meilleur du segment. De plus, grâce aux tests en soufflerie moderne, il n’y a pas 36 manières de calculer l’aérodynamisme d’une automobile. Ces mesures ne peuvent pas être tant dissemblables.

En somme, cette décision de ne pas discuter publiquement du Cx est… discutable. À la rigueur, si le résultat est si aléatoire, ne dites pas que le nouveau Cx est meilleur que l’ancien. On veut bien vous croire sur parole mais ce n’est pas de cette façon qu’on fournit au public les outils dont il a besoin pour se forger une opinion.

Un autre exemple : le nouveau Pilot comprend un système qui prévient les accidents en freinant automatiquement le véhicule quand le conducteur est distrait. D’autres constructeurs proposent un gadget similaire. Quand Volvo la première a présenté son City Safety, elle a expliqué que le système empêcherait l’accident tant que la vitesse du véhicule n’excèderait pas 30 km/h. Plus tard, progrès aidant, cette limite d’efficacité a grimpé à 35 km/h. À ma connaissance, tous les fabricants qui offrent pareille mesure préventive osent citer la vitesse à laquelle l’accident sera évité. Sauf Honda.

Ici encore, la compagnie argumente qu’il y a trop de variables en jeu pour pouvoir donner une limite fiable. Elle fait sans doute allusion aux conditions routières. Immobiliser un véhicule qui file à 35 km/h sur une chaussée sèche est certainement une tâche différente que de le stopper à la même vitesse sur un chemin verglacé. Mais alors réglons le flou en parlant de « conditions normales d’utilisation ».

Bref, je crois que tous les constructeurs devraient participer au jeu des comparaisons, celles-ci calculées selon des normes de l’industrie généralisées et acceptables. En cultivant des petits secrets ici et là, on dessert mal une clientèle qui se veut de plus en plus avide d’informations.

Et pour les jours où il y aura une tornade, un tremblement de terre ou une pluie de sauterelles, nous promettons de ne pas prendre ces spécifications à la lettre…

 

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