Le relationniste est un travailleur de l’ombre. Il déploie ses efforts pour valoriser l’entreprise qui l’emploie, ses dirigeants, ses produits. Robert Pagé le sait. De 1999 à 2016, il a joué ce rôle de coulisse au sein des relations publiques de General Motors du Canada. Dix-sept années consacrées à polir les liens avec les médias du Québec et des Maritimes, en gérant un parc de véhicules d’essais, activité qu’il avait connue dans sa carrière antérieure. Collaboration spéciale de Luc Gagné.
En 1976, on retrouve ce Shawiniganais dans la jeune vingtaine chez des concessionnaires GM. Il est chef d’atelier deux ans pour Bonaventure Chevrolet, puis conseiller neuf ans au service pour Clermont Chevrolet Oldsmobile. Il quitte ensuite Montréal pour séjourner brièvement chez Desjardins Chevrolet Oldsmobile à Saint-Eustache.
De retour chez Clermont, il est directeur des opérations durant les années 90. C’est là, en jonglant avec les véhicules d’essais, qu’il fait la connaissance des « trois Jacques » (Duval, Bienvenue et Rainville), de Denis Duquet, de Daniel Héraud et d’autres scribes de la presse spécialisée.
Il apprend vite à moduler ses relations, certaines étant plus exigeantes que d’autres. « Il y a une façon de parler avec chacun; on marche parfois sur des œufs, dit-il lors d’une entrevue en mars dernier. Mon père m’avait appris à agir en diplomate; cet enseignement m’a souvent servi. J’ai probablement bien fait puisqu’après, GM m’a engagé ! »
Le nouveau directeur des communications du Québec commence alors une période émaillée de nombreux dévoilements et de voyages de presse aux quatre coins du continent. « Il y avait plusieurs marques : Chevrolet, Buick, GMC et Cadillac, mais aussi Oldsmobile, Pontiac, Hummer, Saab, Saturn, Isuzu, Asüna, Passport; des marques que j’ai vues disparaître. »
Seul porte-parole d’expression française au pays, il côtoie régulièrement des sommités, comme Bob Lutz et Anne Asensio. « Très courtois, M. Lutz reconnaissait l’importance de la presse automobile québécoise et n’hésitait jamais à s’exprimer en français avec les journalistes. Et Mme Asensio, cette designer, était aussi passionnée par son travail que passionnante à écouter durant ses présentations. »
À la veille de ses 68 ans, Robert est fier de ses deux carrières – et encore, on ne parle pas de celle de batteur qu’il a eue avec son orchestre dès 16 ans ! Mais ce n’est pas pour cela que Philippe-André Bisson, actuel directeur des communications pour les produits de GM Canada, le qualifie de force tranquille. « À mes débuts chez GM, les journalistes m’avertissaient que j’avais de grands souliers à chausser, dit-il. J’ai vite compris qu’ils disaient vrai ! »
D’ailleurs, l’Association des journalistes automobile du Canada lui a offert un hommage peu commun. Le 27 octobre 2016, durant son banquet annuel, l’AJAC a remis à Robert le prix Tony-Sloga, une reconnaissance soulignant une carrière hors du commun. Retraité depuis à peine 10 mois, ce soir-là, Robert s’était joint à ses anciens collègues, à leur invitation. « La remise du prix fut une surprise totale… mais combien méritée », écrivait Michel Crépault dans AutoMédia, en novembre 2016. Bien dit !
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Portrait de Robert Pagé croqué au Salon de l’auto de Toronto, en février 2015. Crédit : Luc Gagné
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