Pour la première fois depuis plus de trois décennies, le Mexique a dépassé les États-Unis comme principal fournisseur de véhicules neufs au Canada. En juin 2025, les importations canadiennes en provenance du Mexique ont atteint 1,08 milliard de dollars, contre 950 millions de dollars pour celles venant du sud de la frontière américaine, selon des données publiées par Bloomberg.

Les tarifs américains changent la donne

Sans grande surprise, ce changement de tendance provient des nouvelles politiques tarifaires mises en place par Washington. Les gouvernements canadien et mexicain ont riposté en instaurant leurs propres surtaxes, ce qui a eu pour effet d’accroître la pression sur les constructeurs et de redistribuer les cartes du commerce automobile nord-américain.

Plusieurs fabricants ont déjà réorganisé leur production. Polestar a été l’un des premiers à stopper complètement l’importation d’un modèle au Canada. De son côté, Subaru a choisi de relocaliser au Japon la production de ses véhicules pour le marché canadien, alors qu’ils étaient jusqu’à ce jour fabriqués dans son usine de l’Indiana. D’autres constructeurs explorent actuellement des solutions logistiques, comme le recours à des corridors douaniers permettant de faire passer des véhicules mexicains par les États-Unis sans subir les nouveaux tarifs.

Un marché américain fragilisé

Avant ces bouleversements, le Canada représentait un débouché vital pour l’industrie automobile américaine, avec en moyenne 2,5 milliards de dollars américains d’exportations mensuelles. En 2024, les Canadiens avaient acheté pour 23,2 milliards de dollars de véhicules produits aux États-Unis. Or, si la tendance actuelle se maintient, ce chiffre pourrait être réduit de moitié, mettant en péril des milliers d’emplois et de nombreuses usines américaines.

Une ouverture vers l’Europe ?

Face à ce contexte tendu, certains acteurs du secteur automobile canadien, tel que la CADA, militent pour une réforme des règles d’importation afin de faciliter l’arrivée de modèles respectant les normes européennes. Si cette avenue se concrétisait, la pression sur l’industrie américaine s’intensifierait davantage, accélérant le recul de ses exportations vers le Canada.

Cependant, les tarifs semblent refroidir les constructeurs européens, puisque les États-Unis restent le plus gros marché sur notre continent. Volkswagen a déjà annoncé reporter le lancement de la marque Cupra en Amérique après 2030 en raison des tarifs.

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