Le 2 février dernier, Denis Tardif a officialisé le rachat des parts de Suzanne Sills, présidente-fondatrice de Suly, firme spécialisée dans la fidélisation de la clientèle. Mais, en réalité, la passation des pouvoirs se préparerait déjà en douceur depuis longtemps, les 48 employés à temps plein (et 12 à temps partiel) en profitant pour absorber la vision à long terme murie par M. Tardif.
Lorsque ce dernier s’est associé à Mme Sills en 2005, il avait été convenu en partant qu’il prendrait la relève au moment opportun. La sortie de Jean-Guy Carvalho en février 2014, le 3e actionnaire depuis 2009 qui décida de faire prospérer ses talents de formateur sur mesure à son compte, a catalysé la suite des choses.
« Le départ de Jean-Guy m’a fait réfléchir. On m’offre souvent des concessions. J’avais une décision à prendre. C’est ça qui m’a amené, à 47 ans, à dire à Suzanne que c’était le temps : soit qu’elle se trouvait un nouvel associé, soit que j’achetais la compagnie. J’étais très serein devant un choix ou l’autre. »
Comme Suzanne caressait elle-même d’autres défis de nature plus personnelle, Denis a finalement pris la tête de cette compagnie « qu’il aime ». Et aujourd’hui, il la nourrit de bien grandes ambitions
AutoVeille
Au fil des ans, Suly est devenu le champion de ClientCible, un programme qui renseigne pas à pas le client sur l’entretien qu’il doit effectuer sur son véhicule. On pourrait croire que tous les concessionnaires ont déjà en place un programme équivalent. « Mais non, dit Denis Tardif. Il y a plein de concessionnaires qui ne s’occupent surtout pas de ça. La majorité, ce sont des vendeurs, pas des gars de fixe. Pourtant, un beau département de service peut payer toutes les autres opérations fixes de ta concession ! »
Aujourd’hui, en parallèle avec ClientCible, Suly met de l’avant une « idée folle » de Denis concrétisée par M. Carvalho avant son départ et supervisée par Josquin Frascadore : le programme AutoVeille.
Grosso modo, il s’agit d’un logiciel qui combine un centre d’appels ultra performant avec les données du Canadian Black Book, le partenaire de Suly dans le projet. Le logiciel traite la banque de données du concessionnaire, associe le data aux valeurs en temps réel du CBB et fait ressortir tous les clients qui tombent en équité. À ce moment-là, Suly contacte le client pour le faire entrer en concession.
« Dans la vraie vie, on aimerait idéalement que le conseiller aux ventes devienne le meilleur ami de son client. On sait que ça ne se passe pas toujours comme ça. Mon programme AutoVeille corrige la situation », résume parfaitement Denis Tardif.
AutoVeille envoie notamment des cartes de souhaits à chaque anniversaire d’acquisition du véhicule. Il prévient le client au moment où sa voiture atteint sa meilleure valeur d’échange et il repère pour lui les meilleures offres (provenant des membres du programme) concernant le nouveau modèle qu’il convoite.
Le logiciel a nécessité 360 heures de programmation et, selon les gens concernés, il est unique.
Expansion assurée
« Pour le moment, je m’occupe du département de services de 150 concessions via ClientCible et j’ai 20 concessions AutoVeille. J’en aurai 60 d’ici janvier prochain, c’est sûr, et ensuite on doublera parce que le bouche à oreille fera le reste. Il existe environ 920 concessions d’automobiles au Québec et je serai très heureux avec 500 », avance un Denis Tardif qui n’a pas peur de se fixer des objectifs à la hauteur de son investissement personnel.
« J’avais le choix entre m’acheter une Jaguar F-Type ou investir dans la compagnie, explique-t-il, mi-sérieux, mi-blagueur. Je n’aurai pas de Jaguar, du moins pour le moment. Et j’en suis très heureux. Je suis en train d’automatiser la compagnie sans la dénaturer. La compagnie Suly, c’est de la fidélisation à partir de la personnalisation, et je dirais même une personnalisation extrême.
« Je travaille jour et nuit, j’adore ça, je donne à mes employés quantité de nouvelles cordes à leur arc. Éventuellement, tous les besoins d’une concession pourront être comblés par Suly. Nous serons son guichet unique, incluant la formation du personnel. »
Et ce, en maintenant toujours une relation humaine et personnalisée avec le client. Denis Tardif peut bien s’entourer des systèmes les plus pointus, embaucher une personne dont le seul rôle consiste à prospecter les technologies du futur, se procurer un nouveau serveur si puissant « que je crois que la NASA va me le louer de temps en temps », le nouveau président s’est promis de ne jamais, au grand jamais, traiter le client en numéro.