Orth Hedrick est le vice-président planification des produits pour Kia Motors America. C’est lui qui supervise le portfolio actuel et futur de Kia en Amérique du Nord. Auprès de la presse spécialisée, cet ancien cadre de Nissan – depuis 2009 avec Kia – a la réputation de ne pas maquiller la réalité. Il dit ce qu’il pense.
Peut-on dire que Hyundai est en avance sur Kia ?
Ce n’est ni faux ni vrai. Une bonne partie de ce que nous faisons avec nos véhicules se retrouve chez Hyundai, et vice-versa. Mais comme Hyundai est dans le marché depuis plus longtemps que nous, leur structure a plus d’ancienneté. Ils ont une longueur d’avance sur nous de ce côté-là.
Cet écart a-t-il des avantages?
Oui, nous pouvons offrir des produits différents de ceux de Hyundai. L’idée est de couvrir le plus possible de terrain et de marchés. Nous sommes comme des joueurs de soccer, chacun a un rôle à jouer et une zone à patrouiller.
Les grands patrons de Hyundai Motor Group font-ils des efforts pour distinguer les deux compagnies aux yeux du public?
Oui. Par exemple, nous ne partageons aucun panneau de carrosserie avec Hyundai. Donc les véhicules sont différents de l’extérieur, ce qui a certainement un impact sur le public.
Considérez-vous Hyundai comme une rivale?
Absolument, nous sommes en compétition constante avec Hyundai.
Absolument, nous sommes en compétition constante avec Hyundai.
Est-ce que Kia voudrait éventuellement démarrer une division de luxe comme Hyundai vient de le faire avec Genesis?
Nous travaillons actuellement sur la constance chez nos concessionnaires. Lorsqu’un acheteur achète une auto de luxe, il veut un véhicule différent mais également une expérience d’achat, un service et un suivi distincts. Il est impératif que tout ça soit en place avant de sortir le produit. Si le produit sort et que nous tentons de créer l’expérience par la suite, ce sera un échec. Bref, nous ne sommes pas prêts.
L’excellent designer Peter Schreyer a d’abord travaillé sur l’image de Kia, puis on lui a demandé de faire la même chose avec Hyundai. Allez-vous perdre le cerveau derrière votre design?
Peter vient du groupe Volkswagen où il y a plusieurs marques sous un même toit et sous la même direction. Le portfolio est géré par une personne qui s’assure que rien n’empiète sur les différentes platebandes. Peter joue ce rôle chez nous en garantissant un design spécifique aux deux compagnies. Nous voyons cette situation comme un avantage.
Vous êtes dans une soirée, vous discutez avec une personne qui ne connaît rien à l’automobile : comment lui décrivez-vous Kia?
Design progressif, haute technologie, excellente qualité. Et le prix aussi. Mais beaucoup de gens connaissent mal Kia. Ils connaissent la marque Kia d’il y a 20 ans, à ses humbles débuts. Le commun des mortels se soucie de l’achat d’une voiture tous les 6-7 ans, autrement, il n’y pense pas. Il est difficile pour lui de comprendre comment les marques évoluent. Nous travaillons beaucoup à communiquer nos avantages sur la compétition.
Changer la perception des gens, c’est un beau défi ?
Oui. Notre force est le design. Nous multiplions les efforts sur la qualité des matériaux à l’intérieur et l’extérieur pour créer un impact. Ça aide à changer l’opinion des gens sur Kia.
Quels produits devrions-nous surveiller?
Toutes les voitures sont meilleures maintenant, la barre est haute. Mais la technologie est une facette que nous voulons pousser plus loin que les autres. Nous introduirons Apple Car Play et Android Auto, les deux options. Nous développons un AppStore qui développera des applis spécifiquement pour les produits Kia. Le tout sous la toute nouvelle plateforme EVO 3.
Mais les amateurs d’automobiles ne veulent pas seulement une application…
Le design est une priorité, la technologie aussi, mais nous déployons aussi beaucoup d’efforts sur la performance et l’agrément de conduite. La voiture doit rouler aussi bien qu’elle en a l’air.
Technologie hybride, électrique, hydrogène… Est-ce qu’il y en a une qui intéresse plus particulièrement Kia?
Nous avons récemment annoncé le plan quinquennal E-Mobility. Nous investissons 10 milliards de dollars dans un projet qui englobera 11 voitures vertes. Entre autres, l’Optima Hybride sera enfichable (43 km d’autonomie). En 2020, nous aurons notre pile à combustible à hydrogène et une plateforme dédiée au véhicule électrique. Au prochain salon de Chicago (13 au 21 février), nous aurons une surprise…
La voiture autonome s’en vient. Est-ce que le plaisir de conduire disparaitra avec elle ?
Ça va prendre du temps, des décennies, avant la dominance des voitures autonomes. Il y a beaucoup de variables, beaucoup de conditions auxquelles ces voitures devront faire face. Les grandes routes seront les premières à les accueillir mais dans les milieux urbains, il faudra plus de temps. Tout le monde devra s’adapter, autant le parc auto que les infrastructures. Je crois que ça n’arrivera pas avant 2030.