Des concessionnaires branchés à leur communauté

L’électrification des véhicules légers progresse chaque année davantage. Le magazine AutoMédia nous l’a confirmé dans son édition de février-mars. On y apprend que les ventes de véhicules électriques au Québec en 2022 ont bondi de 53 %, avec 33 551 VÉ livrés. Si les automobilistes manifestent un intérêt grandissant pour ces véhicules verts, plusieurs barrières freinent toujours leur adoption.

Un récent sondage de KPMG en témoigne. Réalisé auprès de 2001 Canadiens de 18 ans et plus entre le 21 décembre 2022 et le 13 janvier 2023, il révèle que 69 % des Canadiens envisagent d’acheter un nouveau véhicule d’ici 2033, mais 33 % hésitent à opter pour un VÉ, notamment pour le prix, l’anxiété liée à l’autonomie, l’incertitude à l’égard de la technologie des batteries, l’offre limitée et la hausse des prix de l’électricité. Il est cependant préoccupant d’apprendre que 70 % des répondants s’inquiètent de la fiabilité et de la disponibilité des bornes de recharge publiques.

Ce dernier point plutôt crucial a été l’objet d’un rapport publié par l’International Council on Clean Transportation (ICCT) en février 2022, qui dit que « le Québec aura besoin de déployer huit fois plus de bornes de recharge publiques en 2030 par rapport à la quantité de bornes déjà en place en 2020 ». Pour agrandir le réseau de recharge en fonction des besoins futurs, l’ICCT suggère que le secteur privé emboîte le pas avec le secteur public. C’est là où les concessionnaires entrent en jeu, estime General Motors. Un peu comme l’a fait Bourgeois Chevrolet de Rawdon au cours des dernières années, en devenant l’artisan de l’installation de dizaines de bornes de recharge dans Lanaudière. 

 

Élargir le réseau en impliquant les concessionnaires

En octobre 2021, GM a lancé le programme de recharge communautaire. Il vise à étendre le réseau de recharge avec la collaboration de ses concessionnaires. L’objectif est d’installer environ 40 000 bornes de recharge de niveau 2 aux États-Unis et au Canada, entre autres, dans les zones rurales et urbaines moins bien desservies. 

Les concessionnaires participants peuvent recevoir jusqu’à 10 bornes, à coût partagé, et GM peut les mettre en contact avec des fournisseurs d’installation au besoin. Ces bornes de recharge doivent être installées dans des lieux publics clés de leurs communautés (lieux de travail, immeubles à logements multiples, lieux d’événements, collèges, universités, etc.). 

Ces bornes, des CoRe+ Max, proviennent de Flo, le fabricant québécois et opérateur de réseaux de recharge. Il a été nommé fournisseur officiel de GM pour ce programme. Le constructeur affirme d’ailleurs que ces bornes seraient les plus rapides sur le marché nord-américain actuellement. Avec une puissance de sortie maximale de 19,2 kW, elles chargent jusqu’à 2,7 fois plus vite qu’une borne de niveau 2 typique. 

En octobre 2022, Wheelers Family Auto Group, une entreprise qui possède cinq concessions de General Motors au Wisconsin, a inauguré la première station de recharge commanditée par le programme de recharge communautaire. Elle se trouve dans le parc Wildwood de Marshfield, ville où se trouve Wheelers Chevrolet GMC, une des concessions du groupe.

Jusqu’ici, environ 1000 des 4450 concessionnaires GM d’Amérique du Nord auraient adhéré à ce programme, affirme le constructeur dans un communiqué publié en décembre dernier.

Au Canada, l’implantation de ce programme n’a commencé que cette année, mais plutôt discrètement. Une source bien informée nous explique qu’une annonce importante (qu’on attend toujours) pourrait donner une ampleur accrue à ce programme.

Entre-temps, AutoMédia a voulu savoir si d’autres constructeurs ont mis en place des initiatives similaires au Canada impliquant leurs concessionnaires. Voici ce que nous avons appris des quelques constructeurs qui ont répondu à nos questions.

 

Certains constructeurs misent sur leurs propres réseaux

Faute d’impliquer leurs concessionnaires dans l’élargissement du réseau de recharge en les invitant à installer des bornes dans leurs communautés, à l’image de Bourgeois Chevrolet, certains constructeurs misent plutôt sur un réseau qui leur est propre.

Station de recharge typique de Tesla.

En septembre 2012, Tesla a ouvert sa première station de bornes de recharge appelées Supercharger. Aujourd’hui, on en dénombre près de 4500 à travers le monde, dont environ 180 au Canada. Jusqu’ici réservées aux propriétaires de produits Tesla, une partie de ces stations (environ 3500) seront progressivement ouvertes à l’ensemble des conducteurs de VÉ d’ici la fin de 2024. C’est ce qui ressort d’une annonce faite par la Maison-Blanche en février. Au moment d’écrire ces lignes, on ignore combien de ces stations seront au Canada. 

 

Volkswagen

Il aura fallu quatre ans (et un « Dieselgate ») pour qu’un autre constructeur emboîte le pas à Tesla. En 2016, le Groupe Volkswagen a créé Electrify America, une filiale responsable d’établir un réseau de stations de recharge électrique aux États-Unis. La création d’Electrify Canada, une filiale de VW Canada, a suivi en mai 2018. Sa première station canadienne a été mise en service en Ontario, en septembre 2019, et, d’après un communiqué daté de novembre 2022, cette filiale de VW Canada entend exploiter plus de 100 stations de recharge disposant de plus de 500 bornes d’ici 2026. Incidemment, ces stations servent tous les usagers de VÉ, pas seulement ceux qui conduisent des Volkswagen, des Audi et des Porsche électrifiés. D’ailleurs, Electrify Canada et le Groupe BMW Canada ont fait une annonce en ce sens pour les propriétaires de la nouvelle berline de luxe électrique i7.

En avril 2023, Electrify Canada et le Groupe BMW Canada ont annoncé que les acheteurs de BMW i7, une nouvelle berline de luxe électrique, bénéficieront de trois années de service de recharge gratuite.

 

Mercedes-Benz

En janvier 2023, Mercedes-Benz a annoncé son intention de lancer un réseau mondial de stations de recharge de haute puissance en Amérique du Nord, en Europe, en Chine et dans ses autres marchés clés. La construction de ce réseau commencera aux États-Unis cette année, suivis du Canada (le constructeur n’a pas encore précisé quand). « L’objectif est d’avoir le réseau complet en place avant la fin de la décennie, moment où Mercedes-Benz prévoit de passer au tout-électrique partout où les conditions du marché le permettront », explique le constructeur dans un communiqué. 

Le constructeur ajoute que les installations de ce réseau de recharge seront concentrées « dans des villes clés et des centres urbains, à proximité des grandes artères, des points de vente et de service pratiques, notamment les sites des concessionnaires Mercedes-Benz participants ».

 Illustration numérique représentant une future station de recharge de Mercedes-Benz.

 

Ford 

Et il y a Ford. Le constructeur de Dearborn n’a pas de programme impliquant ses concessionnaires en dehors de leurs propres installations. Par ailleurs, Ford fait actuellement miroiter BlueOval, un service qu’on pourrait qualifier « d’agrégateur », qui permet d’accéder à d’importants réseaux de bornes de recharge au Canada et aux États-Unis (Flo, Circuit électrique, Electrify America, ChargePoint, Shell ReCharge et SemaCharge) par le biais de FordPass, son application maison. 

L’application FordPass permet par le biais de BlueOval d’utiliser différents réseaux de recharge.

 

Et chez les autres constructeurs…

L’arrivée de nouveaux VÉ chez certains constructeurs a déclenché un processus de modernisation des installations des concessionnaires pour qu’elles soient prêtes à servir leur future clientèle « d’électromobilistes ». 

 

Honda et Stellantis

C’est le cas chez Honda et Stellantis, deux constructeurs qui s’étaient limités jusqu’ici à offrir des véhicules à motorisations hybrides branchables ou non branchables. Mais en mai 2022, au moment de dévoiler quelques esquisses du Honda Prologue, le premier VÉ moderne qu’offrira la marque nipponne en 2024, on a annoncé comment ses concessionnaires se prépareront pour prendre soin des futurs acheteurs de VÉ Honda. De son côté, Stellantis a fait une annonce similaire en novembre, soit deux mois avant de dévoiler la camionnette électrique Ram 1500 REV 2025, son premier VÉ significatif.

Dans les deux cas, on parle de formation du personnel, d’aménagement d’espaces adaptés à la vente de VÉ dans les concessions, de l’installation de bornes de recharge adaptées au volume de ventes anticipé à moyen terme, mais aussi de l’acquisition d’outillage et d’équipements nécessaires à la réparation et à l’entretien de ces véhicules. Dans les deux cas, ces démarches ne débordent pas le terrain des concessions.

 Dévoilée au Salon de New York, en avril, la camionnette Ram 1500 REV, premier VÉ significatif destiné aux concessionnaires Stellantis, coïncide avec l’annonce d’un branle-bas de combat visant à électrifier les installations de ces concessionnaires. On observe un phénomène semblable chez les concessionnaires Honda, qui recevront bientôt leurs premiers utilitaires électriques Prologue.

 

Hyundai

Chez Hyundai, on nous a appris qu’il n’existe actuellement aucun programme semblable à celui de GM. Les concessionnaires peuvent, s’ils le veulent, rendre les bornes de recharge de leurs installations accessibles au public. Cette décision reste toutefois à leur discrétion, puisque le constructeur n’impose aucune règle.

 

Nissan

Enfin, chez Nissan, il n’y a pas de programme comparable à celui de GM non plus. En revanche, Nissan Canada prépare actuellement un partenariat avec un fournisseur de bornes de recharge afin d’aider ses concessionnaires à offrir à leurs acheteurs de VÉ une solution de recharge à domicile. 

Cette initiative en rappelle une autre. En février 2018, Nissan Canada avait annoncé que Flo, le fabricant québécois de bornes de recharge, devenait son « fournisseur recommandé » pour les bornes résidentielles des acheteurs de Nissan Leaf. Dans le cadre d’un projet pilote annoncé en grande pompe au Salon de l’auto de Toronto, l’acheteur d’une Leaf pouvait acheter une borne Flo Maison chez un concessionnaire Nissan participant en même temps que sa nouvelle auto. Du même coup, Flo offrait à ce consommateur une carte de membre gratuite lui permettant d’accéder à son réseau de recharge pancanadien. 

 

 

 

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