Après 34 mois de lockout, les employés reprendront du service à partir du 25 janvier. La loi 71 validée par la Cour supérieure du Québec dicte la fin du conflit et le retour pour plus de 400 travailleurs.
L’arbitre mandaté, Denis Gagnon, prépare les modalités du retour au travail afin de préciser les dates auxquelles les ressources seront rappelées. La rentrée s’effectuera sous les conditions de travail tirées de la convention collective en vigueur en 2013, avant le conflit. Par la suite, l’arbitre – M. Gagnon ou un nouveau mandataire – aura six mois pour réécrire une convention. Les conditions déjà acceptées par les deux parties feront partie de la convention et, dans le cas de points en litige, l’arbitre tranchera. La nouvelle convention sera en vigueur pendant une période de 1 à 3 ans.
Certains malheureux, d’autres moins
Après tout ce temps, il est clair que bien des personnes dans les deux camps ont payé chèrement ce conflit historique. Georges Bouchard, président du Syndicat démocratique des employés de garage, se dit « bien heureux de la décision » de valider cette loi et « très content du travail de nos procureurs ». Du côté de Sylvain Gauthier, directeur général de la Corporation des concessionnaires automobiles Saguenay-Lac-St-Jean-Chibougameau, la requête en sursis et la contestation de la validité de la loi semblent témoigner d’une déception.
Pour sa part, la population de la région questionne les tentatives de retarder l’application de la loi et sa contestation par la Corporation. Toutefois, les employés en lockout ne sont pas surpris, ils ont toujours maintenu que la Corporation n’était pas ouverte aux discussions. « Après que la Corporation ait contesté la loi 71, la population a mieux compris et était plus de notre bord. Depuis, les gens nous saluent avec des klaxons et des personnes qui ne nous parlaient pas nous posent maintenant des questions sur les intentions de la Corporation », raconte Joël St-Amant, apprenti technicien et commis aux pièces au Garage Paul Dumas, à St-Félicien.
Il est certain que l’application de la loi 71 dans cette affaire constitue un précédent dans l’industrie de l’automobile et l’histoire syndicale. Parmi les points en litige se trouve la semaine de quatre jours. Si Annie Coulombre, alors porte-parole de la Corporation, disait que la réalité au Saguenay est bien différente et ne peut être comparée à la réalité dans la région de Québec – où la convention collective des syndiqués permet justement la semaine de quatre jours (voir www.automedia.ca/lockout-au-saguenay et www.automedia.ca/lockout-au-saguenay-un-3e-hiver-dehors) -, on peut se demander comment certains concessionnaires, tels Duchesne Auto Ltée à Alma et les concessions Jean Dumas à St-Félicien et Dolbeau-Mistassini, peuvent offrir cette alternative à leurs employés.
Somme toute, il reste beaucoup de pain sur la planche. Seulement dans quelques mois, voire quelques années, serons-nous en mesure de déclarer ce conflit véritablement terminé. « Nous avons hâte de retourner, il est plus que temps, mais ça sera long avant de revenir à la normale et dur pour les deux bords », confie Joël St-Amant. « Je suis professionnel et j’ai un travail à faire, mais ça s’arrête là. Je ne raconterai plus mes activités de fin de semaine à mon boss! »
Notre photo : Dernière scène sur le piquet de grève, avant leur disparition, les pancartes affichent de nouveaux messages optimistes.