Conduire zen

Vous lirez notre reportage sur l’EcoRun. Organisé par l’Association des journalistes automobile du Canada, cet événement annuel cherche à vérifier et même à améliorer les cotes de consommation de carburant de Ressources naturelles Canada pour une trentaine de véhicules qu’autant de membres de l’AJAC conduisent pendant trois jours.

J’ai pris part à cet exercice. Je laisse à l’article plus loin le soin de vous dévoiler les résultats. Moi, ici, j’aimerais m’attarder sur la « psychologie du conducteur ».

Donc, on me remet successivement les clefs d’un véhicule en me disant à chaque fois d’étirer chaque litre de carburant au maximum. Alors, d’après vous, je fais quoi ?

Je suis à la lettre les cinq « techniques de conduite écoénergétique » promulguées par RNCan sur son propre site (www.rncan.gc.ca): accélérer doucement, maintenir une vitesse constante, prévoir la circulation, éviter la haute vitesse et relâcher l’accélérateur quand c’est possible.

Ça, c’est la théorie. La pratique, elle, met en vedette mon propre tempérament et celui des autres conducteurs. Attention ! Conflit à l’horizon ! Mais commençons par mon moi-même.

Avez-vous déjà essayé d’accélérer à l’arrêt comme si la pédale était en cristal fin et que trop de pression la ferait voler en éclats ? Ou résister à l’envie urgente de dépasser ? Ou constamment analyser la circulation devant soi pour éviter les freinages en catastrophe ? Ça demande un peu de doigté, beaucoup de discipline et énormément de patience. Des qualités qui me font souvent défaut quand je conduis, je dois dire. Mais là, pour la bonne cause, j’ai combattu vaillamment mes démons et je me suis pris au jeu.

Première constatation, en campagne et sur les petites routes secondaires, la conduite zen fait du bien à sa pression artérielle et vous permet d’admirer le paysage.

Deuxième constatation, sur l’autoroute, condamné à la voie de droite pour l’éternité parce que le régulateur de vitesse est gelé à 100 km/h, vaut mieux avoir de la bonne musique ou des passagers agréables (et coopératifs) ou des idées chatoyantes à ruminer parce que le ruban d’asphalte se déroule lentement, très lentement.

J’ai donc appris à mon sujet durant l’EcoRun que je suis un bon candidat en milieu rural pour la contemplation mais que sur une voie rapide, j’ai justement envie d’être rapide.

Et les « autres », eux ? Je résume en vous disant que les gens n’étaient généralement pas très impressionnés par mes efforts écoénergétiques ! Mes accélérations de tortue les impatientaient. Je sentais leurs vibrations me vriller le dos. Sur l’autoroute, j’avais l’impression d’être une source de congestion constante. Dans les bretelles menant aux autoroutes, où je négociais la courbe à la vitesse d’une mémé accrochée à sa marchette, l’asphalte vibrait à cause des coups de poing dont les autres martelaient leur volant.

Bref, à moins d’avoir 102 ans, d’incarner la prudence au point de se rendre à la toilette la nuit avec un casque sur la tête ou d’avoir carrément peur du trafic, conduire zen à Montréal ou ailleurs ne vous fera pas gagner un concours de popularité.

Mais, en revanche, vous économiserez des sous à la pompe et en entretien (moins d’usure prématurée).

Sans oublier les bienfaits pour soi. Après tout, quand se sent-on vraiment bien ? En vacances quand on prend ça mollo. En prenant son temps pour manger au lieu d’avaler à la course. Le « slowmo » a du bon. C’est juste que le monde ne prend pas le temps de s’en rendre compte.

 

 

 

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