Ainsi pense Antoine : Vendeur menteur

Vous savez combien je respecte le métier de vendeur automobile. Même s’il a mauvaise presse. Même s’il s’accompagne d’une connotation péjorative. Vous m’avez d’ailleurs peut-être lu, levant mon chapeau à certains d’entre eux, saluant aussi leur niveau de compétence. J’ai eu cette semaine la preuve, une fois de plus, que des individus n’ayant pour but que d’atteindre leur objectif du mois font encore du sale boulot.
Alors voici. Un ami entre en concession pour magasiner un Subaru Forester. Il aimait bien l’Outback, mais il a déterminé que le Forester convenait mieux à ses besoins. Il apprécie aussi le style de la nouvelle version Sport, qu’il cible aussitôt. Pour lui, il s’agit d’une première approche. Il conduit le même Kia Sorento depuis 11 ans et n’est aucunement pressé de le remplacer. Il a effectué un premier saut en concession, ironiquement à la suite de mes conseils. En effet, en évaluant ses besoins et ses goûts, nous étions arrivés à la conclusion que Subaru proposait une gamme de produits qui lui convenaient.
Le respect d’un métier mis à mal par certains
À peine cinq minutes passées avec le vendeur que déjà, l’inconfort s’installe. Ce dernier dénigre d’abord le Sorento que mon ami conduit, alors qu’il en est entièrement satisfait depuis le jour un. Il lui met aussi une certaine pression en lui faisant miroiter un phénomène de rareté. « Vous savez, j’ai en stock la couleur que vous aimez, mais elle s’envolera très rapidement et on ne sait pas quand pourrait arriver le prochain véhicule similaire. » Mon ami lui mentionne qu’il n’a pas l’intention de conclure la vente ce jour-là, mais le vendeur lui cloue le bec, très sèchement de surcroît : « Je pense que vous ne réalisez pas la chance que vous avez aujourd’hui. Et demain, il pourrait être trop tard ! » Le vendeur lui fait comprendre que les prochaines unités seront certainement assujetties aux tarifs douaniers et qu’il s’agit donc d’une chance unique d’acheter le véhicule convoité à bon prix.
Inutile de vous dire que les chances qu’une transaction se conclue ce jour-là n’ont fait que diminuer au fil de ce discours prononcé sur un ton tout sauf agréable. Le vendeur ose même proposer à mon ami de le « débarrasser » de son Kia (un grand service qu’il lui offre, dit-il), même si ce véhicule, selon ses dires, est sans intérêt et de très basse valeur.
Disons que pour une première approche, ça ne s’est pas très bien passé. Mon ami m’a téléphoné en sortant de la concession pour me dire à quel point il se sentait insulté et qu’il ne comprenait pas cette arrogance avec laquelle on l’avait traité. Je lui ai précisé au passage que le Forester ne serait pas impacté par les tarifs douaniers, vu qu’il est assemblé au Japon. Tout le contraire de l’Outback qui, lui, est construit aux États-Unis. Pourtant, le vendeur a longuement insisté sur le fait que le véhicule allait grimper de 7000 $ à 8000 $ lors de la mise en application des tarifs.
Un choix éclairé…ailleurs
Mon ami a choisi de partir, puis de se rendre chez Toyota. Rapidement, on lui a présenté le RAV4 pendant que le directeur du département d’occasion évaluait son véhicule à 6500 $ taxes incluses. Comme il vivait une expérience beaucoup plus sympathique, mon ami a décidé de faire l’essai du RAV4. Mais le produit ne lui plaisait pas autant que le Subaru Forester. Je lui ai conseillé de visiter un autre concessionnaire, où il a reçu un discours complètement différent. Sans aucune pression, on lui a expliqué que les délais de livraison pour un modèle commandé étaient raisonnables et qu’on pourrait lui offrir la même somme pour son Kia s’il concluait la transaction dans les trois mois.
Serez-vous surpris d’apprendre que mon ami a arrêté son choix sur le Forester Sport de cette autre concession ? Mais entre vous et moi, il aurait très bien pu laisser tomber la marque et aller voir ailleurs. Une seule personne peut bousiller l’image d’un concessionnaire et d’une marque. Et tout ça à cause de vendeurs qui agissent sans scrupule, prêts à tout pour vendre rapidement, sans penser deux secondes qu’ils ratent une occasion incroyable de développer une relation à long terme avec la personne qui se trouve devant eux. L’incompétence, l’ignorance, l’arrogance et les mensonges ne sont jamais payants.
Faut-il en conclure qu’il y a des directeurs des ventes qui manquent de rigueur ? Qu’ils ne tiennent pas les rênes assez serrées ? Est-ce parce qu’on embauche du personnel trop vite, faute d’avoir de bonnes candidatures ? Chose certaine, il y a une concession Subaru qui ne recevra plus jamais la visite de mon ami, qui prochainement roulera tout content dans un Forester acheté ailleurs… Partager