Pour quelle raison a-t-on mis en place ce fameux programme de certificat des concessionnaires instauré par la CCAQ? Parce que la confiance des consommateurs envers la profession est à son plus bas niveau, et parce que les agissements de certains ont des répercussions sur le travail des quelque 45 000 employés qui évoluent dans cette industrie. Se pourrait-il aussi que les constructeurs automobiles, par leurs stratégies malhabiles et même par leurs produits, aient eux aussi leur part de responsabilité dans cette confiance brisée? Par: Antoine Joubert, chroniqueur automobile.
Poser la question, c’est y répondre
En jouant au yo-yo avec les franchisés au moyen d’une distribution douteuse ou en mettant sur le marché des produits soit inintéressants ou mal distribués, il y a de quoi frustrer concessionnaires et consommateurs. Il est évident que le client de Toyota habitué à une certaine qualité a de quoi rager lorsqu’il constate la valeur marchande du bZ4X pour lequel il a reçu 12000$ en crédits gouvernementaux. Et que dire de l’acheteur d’un camion Ram payé à gros prix, qui découvre que les cours sont pleines et qu’on offre désormais des rabais jamais vus sur des modèles 2025? A-t-il raison de se sentir floué? Absolument. Ce genre de situation n’a rien à voir avec le concessionnaire, qui doit composer avec les stratégies de son constructeur.
On assistera au 1er janvier 2025 à un festival de nouveaux rabais concernant les véhicules électriques invendus. Si on peine aujourd’hui à liquider plusieurs modèles pour lesquels l’offre est plus grande que la demande, qu’en sera-t-il lorsque les crédits seront coupés? Cela risque de faire mal. Le consommateur qui aura eu l’impression de faire l’affaire du siècle en achetant son véhicule électrique en décembre réalisera que toute cette pression n’aura servi à rien, puisque le montant à débourser pour un même véhicule sera en définitive semblable. Et bien sûr, le concessionnaire n’est pas en cause. Il faut pointer du doigt le constructeur qui choisit d’inonder les cours de ses concessionnaires, souvent aux dépens de modèles à essence encore populaires pour lesquels il y a toujours pénurie. J’ai moi-même vécu une situation désagréable avec l’achat d’une Volkswagen Golf R, achetée en septembre 2023 (commandée en octobre 2021). Certes, c’était à un moment où la COVID-19 était encore d’actualité. Volkswagen nous faisait miroiter l’effet de rareté de la voiture et il fallait se considérer comme privilégié d’avoir un tel modèle avec, qui plus est, boîte manuelle. J’ai donc pris livraison de ma voiture en septembre 2023 pour constater que l’offre se multipliait. Quelques mois plus tard, mon concessionnaire avait une quinzaine de Golf R pour livraison immédiate.
Comme on dit en bon français, « la balloune a dégonflé ». J’étais tellement amer que j’ai décidé de vendre la voiture avant de voir sa valeur chuter davantage. La confiance des consommateurs doit donc s’améliorer envers les concessionnaires. Mais il faut aussi que les concessionnaires aient foi en leur constructeur. On le constate avec plusieurs bannières Stellantis, pour lesquelles les propriétaires souhaitent se départir de leur concession, faute de confiance envers leur constructeur. Morale de l’histoire: si la CCAQ, avec son programme de certification, a du pain sur la planche, il faut aussi que les constructeurs effectuent un exercice d’autoanalyse sur la qualité de leur travail envers leurs franchisés.