Bien que je sois passionné de voitures depuis l’âge de l’élocution, il m’a toujours manqué une carte importante. Celle du talent manuel, qui aurait pu me permettre de réparer, de diagnostiquer, de modifier mes voitures. Bref, de m’amuser à 100 % avec mes bolides, tout en comprenant encore plus efficacement le fonctionnement de chacun des composants. Vous me direz que le métier de chroniqueur automobile est différent de celui de technicien, mais le fait de savoir que je ne pourrai jamais restaurer une voiture moi-même demeure un facteur de déception.

 

Le vrai mécanicien, un artisan devenu rare

J’ai toutefois compris avec le temps qu’il y a une distinction colossale à faire entre un technicien et ce que j’appelle un vrai mécanicien. Peut-être que les mots employés ne sont pas exacts, mais pour moi, un mécanicien est plus entier. Il est capable de bricoler, de réparer de plus vieilles voitures, sur lesquelles la rouille s’est installée. Il est capable de faire une pièce fonctionnelle avec deux pièces défectueuses et de remonter à la source sans nécessairement avoir recours au diagnostic. Il connaît également différents modèles de véhicule, en comprenant les nuances, les avantages et les vices de conception. Et puis, il peut se lancer à l’aveuglette dans un travail ardu grâce à une débrouillardise et à un sens logique hors du commun.

Le mécanicien a tout mon respect. Il possède des notions que je n’aurai jamais. Il fait partie de cette catégorie que j’appelle des « changeux de pièces ». Des employés de concessions payés pour remplacer, sans jamais réparer ni diagnostiquer. Ce qu’on trouve hélas de plus en plus, ce sont des employés de concessions payés pour remplacer, sans jamais réparer ni diagnostiquer. Et ce, à la demande de certains dirigeants de département qui ne se démarquent pas par leur compétence. Le constat est similaire chez des constructeurs soi-disant écologiques, qui préfèrent souvent opter pour le remplacement plutôt que pour la réparation. Mais en vérité, le mécanicien qui peut passer outre à cette facilité de remplacer systématiquement une pièce défectueuse a l’avantage non seulement d’offrir un choix, mais aussi de déterminer l’endroit où il désire travailler.

J’ai récemment été amené à parler avec des étudiants en mécanique qui recevront bientôt leur diplôme. Plusieurs avaient déjà trouvé du travail, sinon étaient sur le point d’en trouver un. D’autres allaient poursuivre leur formation dans une spécialisation, même si on leur avait déjà proposé un poste. Ceux-ci, en très faible nombre, avaient compris l’importance des formations continues, réalisant que ce sont ces dernières qui leur permettront de se démarquer dans ce domaine. Parce qu’il ne suffit pas de savoir remplacer des plaquettes de frein, faire des vidanges d’huile et balancer des pneus pour se distinguer dans le métier. Bien sûr, ces travaux peuvent être lucratifs et faire en sorte qu’on gagne bien sa vie. Mais une spécialisation en électronique, en automatisation, en technologie électrique, ça vaut de l’or. Même chose pour le monde des transmissions, des suspensions pilotées, des systèmes de refroidissement.

 

Des véhicules abandonnés

Les véhicules de nos jours sont rendus si coûteux à acheter et si complexes à réparer que les salaires reliés à la spécialisation peuvent dépasser l’imagination. Cela crée un lâcher-prise et une paresse palpables dans le domaine et explique pourquoi tant de véhicules encore très solides sont littéralement abandonnés. J’ai d’ailleurs mis la main sur une voiture de 2015 et affichant 45 000 km pour une somme équivalente à celle d’une bonne paire de chaussures. Le concessionnaire Chrysler qui l’avait obtenue était incapable de la réparer. Personne dans l’atelier n’était en mesure de comprendre son problème technique.

Me disant que le pari n’était pas trop risqué, j’ai choisi de l’acquérir et de l’envoyer chez mes amis formateurs de l’Atelier Branché. Quelques heures passées à éliminer les possibilités de dysfonctionnement et le problème était trouvé ! Aujourd’hui, cette voiture presque comme neuve vaut encore 12 000 $ et roule chaque jour sans le moindre souci. Comment se fait-il que le concessionnaire, spécialisé dans les modèles de cette marque, n’ait pas été en mesure de trouver le bobo ? Par incompétence, par paresse, en raison d’un mauvais diagnostic ? Qui sait ?

Le milieu automobile a aujourd’hui un besoin criant de techniciens et de mécaniciens chevronnés, qui se retrouvent devant mille et une possibilités de carrière. Des métiers où la reconnaissance et l’appréciation ne font que grandir, à mesure que les véhicules se multiplient et se complexifient. Alors, longue vie à ceux qui persévéreront dans le métier et qui ont compris que la débrouillardise et la formation sont bien plus importantes qu’un bel ensemble d’outils Snap On ! Partager