Présidence de Mazda Canada : David Klan passe le flambeau à Amy Fleming

Le 1 octobre prochain, David Klan, président de Mazda Canada depuis 2019 et employé dévoué de Mazda Motor Corporation depuis plus de 33 ans, cèdera les rênes à Amy Fleming, son actuelle directrice des opérations. De Victoria, C-B, où il s’apprêtait à annoncer cette transition à ses 163 concessionnaires réunis en congrès annuel, David a pris le temps de se confier à AutoMédia.
Pourquoi l’industrie l’automobile comme choix de carrière ?
C’est l’une de ces histoires classiques avec laquelle plusieurs personnes de mon âge peuvent s’identifier : j’adore les voitures, le mouvement et l’émotion que procure le mouvement. Depuis que je suis tout petit, j’ai une incroyable collection de Dinky Toys que j’ai transmises à mon fils et maintenant à mon petit-fils. La passion de l’automobile m’habite depuis mon plus jeune âge.
Bientôt 33 ans avec Mazda. Comment expliquez-vous cette loyauté ?
Parce que j’ai aimé chaque année avec cette compagnie. J’ai été propriétaire d’une Mazda avant de commencer chez Mazda. J’ai fait mes études de premier cycle en Floride grâce à une bourse de golf et j’avais une GLC 1988 qui m’a conduit 40-50 fois de la Floride à l’Ontario. J’ai vu la première RX-7, la première MX-5 (Miata à l’époque). Mazda m’a donné ma chance en tant que stagiaire en gestion en janvier 1992. J’ai eu d’excellents dirigeants et mentors tout au long de mon parcours. Ils ont investi en moi et je pense que j’ai gagné ma loyauté.
Vous avez toujours eu foi en Mazda ?
J’ai toujours pensé que notre marque avait un potentiel énorme. Et nous avons réalisé ce potentiel. L’année dernière, nous avons progressé trois fois plus que l’industrie canadienne. Cette année, nous la devançons dans une proportion 4 :1. Nous avons une excellente équipe et un excellent réseau de distributeurs, mais notre vraie sauce secrète, c’est la façon dont nous travaillons ensemble.
Regardez le Québec ! Nous y sommes presque une marque locale. Notre part de marché est de 2%-3% dans le monde, mais nous doublons ce chiffre au Canada et nous le doublons encore dans la Belle province. Je pense que notre produit a toujours été très bien adapté au marché canadien. Mais nous avons également créé cette demande. Les clients adorent notre produit parce qu’ils estiment que c’est le bon mélange de design, de savoir-faire, de qualité et de performance. Mazda est la marque la plus récompensée au pays par l’AJAC (Association des journalistes automobiles du Canada).
Y a-t-il des avantages à être un manufacturier de petite taille ?
Je pense que nous sommes un constructeur de taille petite à moyenne grâce à nos quelques 1,3 million d’unités vendues par an. Et comme nous sommes une entreprise indépendante, nous pouvons être agiles. Nous pouvons choisir notre propre voie, notre destin. Nous avons aussi de bons partenaires comme Toyota et Fuji (Subaru). Nous travaillons de plus en plus avec ces synergies, qu’il s’agisse de nos usines en Alabama ou des services financiers de vente que nous avons confiés à Toyota Canada Crédit en octobre dernier. Ces alliances apporteront d’autres avantages à la table tout en nous permettant de rester une marque indépendante. Je pense que nous avons un très bon équilibre.
Un géant comme Toyota peut-il être menaçant ?
Je ne le pense pas, car même s’il est vrai qu’ils ont une taille bien supérieure à la nôtre, il existe un très grand respect entre les deux entreprises. Chaque mois, j’ai un tête-à-tête avec notre PDG mondial, Moro-san (Masahiro), que je connais depuis des années, et lui-même entretient des relations personnelles très étroites avec son homologue chez Toyota, Sato-san (Koji). Ils travaillent bien ensemble sans qu’il n’y ait de jeux de pouvoir.
Pourquoi nous avoir offert le MX-30 malgré une autonomie aussi faible (160 km) ?
Même si je pensais que cette autonomie finirait par limiter son succès commercial, je ne voulais pas refuser l’opportunité de tirer des leçons de notre premier véhicule électrique. Il est intéressant de noter qu’il s’est bien vendu durant les deux premières années ; certains clients, dont les besoins en matière d’autonomie étaient légers, apprécient beaucoup leur MX-30. C’était une bonne voiture et c’est toujours une excellente voiture d’occasion. L’autonomie n’a pas pu être augmentée pour des raisons globales et de R&D, mais nous avons beaucoup appris de ce lancement. Nous travaillons actuellement sur notre prochain VÉ en intégrant ces enseignements. Ce sera un grand succès commercial. Nous amènerons ce nouveau VÉ au Québec en grande quantité, tout en apportant plus d’hybrides et d’hybrides rechargeables. Notre stratégie multi-solutions est bien vivante. Nous recherchons les opportunités naturelles de synergie au sein de l’Alliance. Le système hybride Toyota dans le CX-50 pourrait apparaître dans d’autres produits et Mazda lancera également son propre système hybride (note de la rédaction : peut-être dans le CX-5 2026).
Comment décrire votre réseau de concessionnaires ?
À l’échelle mondiale, nous sommes présents dans plus de 130 marchés et je pense honnêtement que les relations entre Mazda et ses partenaires détaillants au Canada sont parmi les meilleures au monde. Pour au moins trois raisons, les trois « C » dont j’ai parlé à maintes reprises : Communication, Collaboration et Cocréation. C’est ainsi que nous travaillons en tant que véritables partenaires. Nous ne nous contentons pas de fixer les objectifs ensemble, nous créons les initiatives de soutien et nous nous tenons mutuellement responsables.
Le luxe s’est invité dans votre portfolio. Ne craignez-vous pas de rendre le produit Mazda moins abordable ?
La marque a évolué et nous avons fait un choix délibéré. Notre pourcentage de ventes de petites voitures a été réduit parce que nous avons développé des VUS de diverses tailles et des 6 en ligne. Nous sommes devenus plus sophistiqués et nous avons augmenté nos prix. Nous demandons une prime par rapport à la moyenne des marques grand public, mais nous n’avons pas abandonné nos racines en matière de performance. Une Mazda se conduit toujours mieux que ses concurrents grand public.
Parlez-nous un peu d’Amy Fleming, votre successeur désigné.
C’est une personne remarquable. J’ai eu la sagesse et la chance de la promouvoir à cinq reprises et à chaque fois, alors qu’elle assumait davantage de responsabilités, elle a toujours continué à réaliser des performances exceptionnelles. C’est une excellente dirigeante, une excellente communicatrice. Je suis très fier de passer le relais à la première présidente de l’histoire de Mazda Canada.
La haute direction d’Hiroshima a-t-elle interféré dans votre choix ?
Ma décision de prendre ma retraite au moment de mon choix et le successeur que j’ai recommandé ont tous été soutenus par Mazda Motor Corporation. Oui, j’aurais pu rester, parce que je suis encore diablement jeune et beau, mais je suis aussi grand-père maintenant, il est temps de laisser la place à la prochaine génération.
Depuis le début de votre présidence en 2019, quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
Si je dois n’en choisir qu’une… Nous avons eu un flot continu de crises : Covid, pénuries de puces électroniques, problèmes d’approvisionnement. Nous avons travaillé ensemble tout au long de cette période. Nous avons remporté les honneurs de la CADA six années de suite. Nommé « meilleur employeur » durant 10 années consécutives. Nous sommes devenus encore plus forts à travers les crises grâce à notre culture et à la force de notre équipe. C’est ma plus grande fierté.
Qu’aimeriez-vous qu’Amy accomplisse ?
Il faut continuer à travailler avec nos gouvernements pour atteindre le rythme d’adoption de l’électrification qui est approprié pour le marché. Pour qu’ils réalisent que le commerce, les réglementations et les relations entre les États-Unis et le Canada sont d’une importance vitale pour notre pays. Nous devons continuer à rappeler à notre gouvernement que nous sommes un seul marché automobile nord-américain, comme c’est le cas depuis le Pacte de l’automobile de 1965. Ce travail avec le gouvernement est très, très important. Il ne faut pas que les réglementations, les objectifs et les pénalités soient en décalage avec la réalité des consommateurs.
Vous aurez 57 ans en septembre prochain. Comment envisagez-vous votre retraite ?
J’ai trois enfants, un petit-enfant et un autre qui naîtra au début de l’année prochaine. Comme je suis un adepte des objectifs ambitieux, j’ai demandé à mes enfants de me donner 10 petits-enfants ! Par ailleurs, j’aimerais siéger sur des conseils d’administration. Liés à l’automobile mais ce n’est pas obligatoire, même si ça serait plus logique. J’aimerais poursuivre mon travail de mentorat auprès des employés de Mazda et avec la Fondation Pinball Clemons pour les jeunes marginalisés. Et puis, ma femme ! Elle est ma partenaire depuis si longtemps ! Je lui dois de beaux voyages ! Enfin, je n’oublierai pas que je suis passionné de golf…