Vendre sa concession… une bonne idée?

Est-ce le temps de vendre sa concession? Oui, disent les experts de la transaction automobile. Mais c’est aussi le temps d’acheter. Et «le timing est parfait, affirme Frédéric Séguin, de PwC. Jamais on n’aura mieux comme situation».  

 

Le directeur principal pour les transactions au sein du groupe Vente, Acquisition et Financement d’entreprises chez PricewaterhouseCoopers estime le marché encore en équilibre : « La bonne marque automobile dans le bon territoire et avec le bon marché va trouver preneur, et ce, à la bonne valeur marchande. D’ailleurs, on le voit : les prix demandés sont encore des prix pour lesquels les acheteurs sont prêts à payer. »

Maxime Théoret, directeur financier au groupe-conseil Auto Cap de Dealer Solutions, abonde dans le même sens : « Non seulement nous sommes dans un marché autant d’acheteurs que de vendeurs, mais nous sommes dans un marché en santé − pas dans une bulle immobilière. On en a la preuve dans l’approche rationnelle de la valorisation et les transactions qui sont conséquentes avec les stratégies d’affaires des groupes. L’acquisition doit coller avec leur modèle d’affaires − sinon elle ne se fait pas. »

Pareil constat de la part de la firme de courtage Haig, qui le confirme d’ailleurs dans son dernier rapport trimestriel : « Les acquéreurs veulent des établissements qui fittent avec tous les aspects de leurs acquisitions à long terme − à commencer par la localisation, la performance et la franchise. »

Plus sophistiqués, donc, ces acheteurs, mais pas moins nombreux pour autant.

 

Des gens affamés

On a souvent entendu que les concessionnaires étaient en mal de relève, mais ce qu’on entend moins souvent, c’est que, de l’autre côté de l’équation, « il y a ceux qui ont faim, dit Frédéric Séguin. Faim de synergie et faim d’augmenter leur profitabilité. Et c’est logique : on a vécu de belles années dans l’automobile. Ceux qui ont bien géré ont fait des beaux profits. Ceux qui connaissent l’industrie, et qui l’aiment, veulent réinvestir. »

Et pourquoi ces acquéreurs potentiels se priveraient-ils de voir grand ? « En ce moment, le marché transactionnel est excellent, dit encore Frédéric Séguin. Les banques sont prêtes à prêter, les investisseurs délient leurs fonds privés − et ils les déploient à de très bonnes conditions. » Max Théoret renchérit sur cet accès facilité aux capitaux : « Les prêteurs voient là une industrie stable et qui existe depuis longtemps, avec des territoires protégés et dont les ventes sont en croissance. » Et vrai que l’industrie va encore bien. L’actuel cycle haussier ne s’est toujours pas essoufflé, faisant mentir ceux qui disaient que le marché ne pouvait aller nulle part ailleurs que vers le bas. Et en dépit des inconnues reliées à la renégociation de l’ALENA, jetée comme un pavé dans la mare nord-américaine, les analystes ne prévoient pas que la vapeur automobile va se renverser de sitôt, du moins pas au Canada.

D’ailleurs, même le plus pessimiste d’entre tous (il vous dira qu’il est plutôt un optimiste teinté d’expérience…), le consultant Dennis DesRosiers, grand manitou de la statistique automobile au pays, n’a pratiquement que des drapeaux verts à agiter pour le court et le moyen terme : « Nous sommes dans une époque où l’argent est presque gratuit, les outils de financement automobile sont en innovation, l’économie est raisonnablement positive, le taux de chômage est bas, l’indice de confiance élevé et les prévisions sont encore à la croissance. »

 

À surveiller

S’il y a un nuage pour assombrir la situation, c’est ce financement automobile pour particuliers, qui atteint, dans plus de la moitié des cas, les 84 mois. « C’est un indice qu’on surveille, dit Frédéric Séguin, de PwC. On ne voudrait pas que ce taux affecte de 75 % à 80 % des consommateurs − le marché ne pourrait plus consommer. »  En bon français : ça serait ballounes par-dessus ballounes…

  • Qui dit économie en santé dit belle croissance du côté des parcs de véhicules commerciaux : « Il reste une croissance considérable de ce côté-là », soutient DesRosiers.

 

  • La demande pour le remplacement automobile est « forte, très forte, dit-il. Cette année, ce sera plus de 11 millions de véhicules qui ont plus de 10 ans qui rouleront sur les routes canadiennes − soit deux véhicules sur cinq. Presque tous vont disparaître dans les 7 à 8 prochaines années. On estime alors des ventes, uniquement en remplacement, de 1,8 million d’unités ».

 

  • Un point toujours positif pour les ventes : un nombre record de modèles de nouvelle génération sont attendus, soit une soixantaine de modèles pour 2019, et tout autant pour 2020 et 2021. « La dernière année record à ce chapitre avait été 2007 avec 55 nouveaux modèles », mentionne DesRosiers. Cette année-là, les ventes de véhicules neufs au Canada avaient connu leur 2e sommet historique (après le record de 2002).

 

  • On le sait, la propriété automobile par tête de pipe canadienne n’est pas à son maximum. Certes, elle a dépassé le cap des 80 % il y a trois ans, pour aujourd’hui s’établir à 86,2 %. Voilà qui accorde une belle marge de manœuvre versus les 97 % de propriété automobile chez les Américains. Ça, on le sait. Ce qu’on sait moins, dit DesRosiers, c’est que cette propriété automobile s’accroît ici plus qu’ailleurs : « Les Canadiens adoptent l’automobile comme moyen de transport plus que n’importe quel autre pays développé », dit l’analyste. Tiens toi, l’autopartage !

 

  • Aujourd’hui, presque un Canadien sur six en âge de conduire n’a pas d’automobile. Voilà qui ouvre une autre belle porte, du côté du neuf mais aussi de l’occasion : « Les «jeunes-vieilles » voitures devraient constituer le segment d’occasion avec la plus forte croissance, dit encore DesRosiers. Et comme 70 % des usagées âgées d’un à cinq ans sont vendues par les concessionnaires, ce sont eux qui devraient en profiter le plus. »

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