Vendeur de minounes ?

En naviguant sommairement sur Marketplace, je suis tombé sur l’annonce d’une vieille Chevrolet Malibu 2003, à vendre pour 3888 $. Au premier coup d’œil, la voiture semblait très propre. Je me suis alors aperçu qu’elle était vendue par un concessionnaire Subaru, ce qui m’a intrigué. En cliquant sur l’annonce, j’ai découvert que ce concessionnaire proposait une sélection assez exhaustive de vieilles voitures. Franchement inhabituel pour une concession de véhicules neufs. On pouvait y voir un Pontiac Torrent 2009, une Mazda 3 2004 et une BMW 325i 2006, des voitures qui semblaient dans un état respectable, mais qui avaient clairement été payées 1000 $ ou moins, pour ensuite être remises sur le marché à plus fort prix. Par: Antoine Joubert. 

 

Je me suis donc intéressé à la situation, comprenant que la pénurie de véhicules d’occasion frappait partout. En effet, les Forester et Outback âgés de quelques années se faisaient rares dans cette concession Subaru, qui tentait visiblement de vendre au détail tout ce qui lui tombait sous la main, même des voitures qui se seraient normalement retrouvées dans les mains de revendeurs ou à l’encan, à la limite des ruines sur roues, mais qui, dans le contexte actuel, permettaient à une concession d’aller chercher du profit.

 

Un phénomène répandu 

En fouillant sur les sites Web de concessionnaires, j’ai réalisé que ce phénomène n’était pas isolé; que plusieurs d’entre eux, même sous la bannière de marques de luxe, avaient en stock des véhicules dont on peut pratiquement se moquer. Par exemple : une Chrysler PT Cruiser décapotable chez Infiniti et une Ford Freestar 2007 chez Honda. On parle de véhicules qui valent grosso modo le prix du fer, mais parce qu’on les a jugés corrects pour rouler, on les offre moyennant des sommes parfois exagérées. Vous conviendrez que 6995 $ pour une Toyota Corolla 2005 de 159 000 km, c’est très certainement exagéré !

Pour moi, cela illustre deux choses. D’abord, un concessionnaire de véhicules neufs habitués de tirer 2000 $ à 3000 $ de profit sur un modèle d’occasion peut faire difficilement de même avec des véhicules de très faible valeur. Ensuite, à cause de la pénurie actuelle, les encans spécialisés se retrouvent aujourd’hui avec des restants, soit des véhicules inintéressants ou de condition très moyenne qu’un commerçant refusera de vendre au détail, par peur de représailles ou parce qu’il n’a pas l’intention d’offrir ce genre de produits.

 

Les restants 

Peut-on ainsi conclure que la flotte que réussissent à constituer les encans comprend, hormis quelques exceptions, les pires minounes de l’industrie ? Si les concessionnaires de véhicules neufs en sont réduits à présenter à leur clientèle des Chevrolet Malibu 2003, ça montre qu’ils ont faim et que les beaux et les bons produits se font très rares.

Voilà d’ailleurs ce qui explique la montée en flèche de la valeur de certains véhicules, qui sur le marché de l’occasion valent aujourd’hui plus cher qu’il y a deux ou trois ans. À preuve, le Jeep Cherokee 2014 d’un ami, payé 16 200 $ il y a deux ans et que son concessionnaire propose aujourd’hui de racheter pour 17 000 $ (sans doute dans le but d’une revente à 19 000 $).

Évidemment, le marché actuel est fou et surtout très difficile à jauger. Comment fait-on alors pour établir des valeurs résiduelles ? Comment un commerçant peut-il adéquatement fixer la valeur d’un véhicule ? Et surtout, comment savoir si le marché se stabilisera et quand, dans trois mois, six mois, un an ? Chose certaine, il faut aujourd’hui beaucoup de flair pour vendre des voitures et encore plus pour en acheter.

 

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