Scandale Volkswagen: des concessionnaires zen malgré la tempête

Une tempête s’est levée, les prévisions sont sombres. Qui sera touché, comment et pour combien de temps, l’avenir nous le dira. Pour l’instant, les concessionnaires Volkswagen du Québec semblent très zen! Oui, leur constructeur, celui qui avait le vent dans les voiles pour rafler la première place des constructeurs automobiles, a triché. Mais est-il le seul à avoir recours à un subterfuge électronique pour « satisfaire » aux normes antipollution ? Cette question et bien d’autres cherchent réponses. En attendant, AutoMédia a constaté que les représentants québécois de la marque gèrent la crise avec beaucoup d’aplomb et ne semblent pas inquiets outre mesure.

 

« La crise est plus grande dans les médias », lance Pierre Langlois, propriétaire de Langlois Volkswagen à L’Ange-Gardien. « Ce n’est pas une question de sécurité, les véhicules sont tout aussi sécuritaires ; c’est l’environnement qui est touché ». Le concessionnaire, comme plusieurs de ses confrères, dit avoir pleine confiance en son manufacturier. L’achalandage ne semble pas avoir diminué chez lui, mais il ne cache pas attendre avec anticipation le type de mesures correctives et le calendrier qui sera proposé aux concessionnaires par le constructeur. « Je m’attends à une reprogrammation de l’ordinateur des voitures Diesel des modèles 2009 à 2015 ». D’ici là, Pierre Langlois travaille cas par cas et propose un prêt de voiture ou des modèles à essence aux acheteurs de modèles Diesel, eux qui représentent 18 % de sa clientèle.

 

« Les clients sont très conscients du problème, mais aussi conscients de la qualité des véhicules. Sur 6000 clients, seulement six ont pris le téléphone et posé des questions. Et de ces six, seulement deux étaient incertains », précise Raymond Ouellet, président de Laval Volkswagen, à Québec. Depuis les aveux de la compagnie, les clients ayant acheté un modèle Diesel sans pouvoir en prendre possession disent vouloir attendre et ne considèrent pas changer leur choix. Vouant une grande confiance à la marque, certains clients ajoutent même vouloir refuser toute modification.

 

D’autre part, le concessionnaire de Québec estime que « si les véhicules de quatre ans et plus, toutes marques confondues, étaient testés selon les normes en vigueur, 80 % d’entre eux ne s’y conformeraient pas ! Mis à part les émissions d’oxyde d’azote, Volkswagen satisfait largement les normes quant aux émissions des autres gaz polluants», renchérit-il.

 

Achalandage et économie de carburant

« Volkswagen va bien faire les choses et comme il ne s’agit pas d’un problème de sécurité, je crois qu’ils veulent prendre le temps de prendre les bonnes décisions », confie Mike Sayig, président de Volkswagen Centre-ville, de Montréal. Si chez Laval Volkswagen, l’achalandage n’a pas diminué, une légère baisse a été remarquée à la concession située dans la métropole. Toutefois, comme la majorité des clients qui ont opté pour un modèle Diesel l’on fait pour des raisons de consommation/économie de carburant et non d’émissions, les tout nouveaux moteurs à essence représentent une alternative viable pour le consommateur. « Nous sommes chanceux d’avoir une clientèle passionnée qui est prête à patienter avant de faire son achat », estime Mike Sayig.

 

En effet, dans plusieurs concessions, les clients se retournent vers les nouveaux moteurs à essences TSI, de plus en plus économes. Pour le président de Laval Volkswagen, les économies jadis réalisées avec un moteur Diesel ne sont plus aussi considérables. « Avec le prix du Diesel à la pompe et la bonification de 2000 $ du manufacturier à l’achat du véhicule, le choix d’un moteur Diesel n’est plus vraiment économique, surtout avec nos nouveaux moteurs performants. J’estime que les économies supplémentaires sont à peu près de 35 % et les consommateurs le savent. Depuis l’automne 2014, les ventes des modèles Diesel chez nous ont chuté de près de 50 % », fait valoir Raymond Ouellet. Au bout du compte, ce dernier est très confiant et estime qu’il retiendra au moins 80 % de sa clientèle Diesel. Quant à l’inventaire, en terme de nombre, l’offre de véhicules sera sensiblement la même.

 

Accusé ou victime ?

On l’a dit, les questions sont et seront nombreuses. Mais certaines sont plus graves ou délicates que d’autres. Par exemple, les autres constructeurs qui utilisent un dispositif antipollution de la compagnie Bosch (le fournisseur du logiciel incriminé) ont-ils eu recours eux aussi au même stratagème ? Il suffit de comparer les émissions des véhicules des autres marques pour se rendre compte que les résultats ne sont pas si éloignés les uns des autres, selon le journal allemand Bild.

 

Par ailleurs, se pourrait-il que Volkswagen soit à la fois malfaiteur et victime ? En 2008, Toyota détenait la pole position des constructeurs mais a été éclaboussée par un scandale qui l’a obligée à rappeler des millions de véhicules. Volkswagen serait-elle, en partie tout au moins, victime d’une campagne de salissage ? La montée de Volkswagen inquiétait-elle à ce point et le scandale des émissions arrive-t-il à point nommé pour freiner cette ascension ?

 

À SAVOIR

Dans le monde, 11 millions de véhicules sont en cause : en conduite normale, les émissions d’oxyde d’azote et des autres gaz polluants des modèles Diesel sont jusqu’à 40 fois supérieures aux normes fédérales.

Au Québec, en moyenne de 15 à 20 % des acheteurs de véhicules Volkswagen optent pour un modèle diésel ; ce pourcentage tend à être plus élevé en région.

Volkswagen a mis sur pied le site www.vwemissionsinfo.ca afin de répondre aux questions concernant l’avis de l’Environmental Protection Agency à propos des modèles TDI 2.0.

 

LE FIL DES ÉVÈNEMENTS

2013: L’International Council on Clean Transportation recrute des chercheurs de l’Université de Virginie-Occidentale pour tester les émissions de voitures à moteur Diesel en conditions réelles.

Mai 2014: L’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) et l’agence californienne de protection de l’environnement (California Air Resources  Board) ouvrent une enquête.

Mai 2015: Le gouvernement de la Californie effectue une nouvelle étude en conditions réelles.

Été 2015: Les agences américaines menacent de retirer leur certification aux modèles Diesel 2016 de VW.

Début septembre 2015: Volkswagen reconnait avoir installé un logiciel qui permet de manipuler le compte des émissions de gaz polluants.

23 septembre 2015: Démission de Martin Winterkorn, grand patron du Groupe Volkswagen.

7 octobre 2015: Date butoir donnée à Volkswagen pour faire connaître son plan de rectificatifs.

 

Partagez l'article

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest
Retour en haut