Une p’tite puff avec ça ?

 

Nous savons maintenant que le gouvernement Trudeau entend légaliser le cannabis à compter du 1er juillet 2018. Outre le fait que Justin et ses amis semblent avoir trouvé une nouvelle façon de célébrer la fête du Canada, on peut se demander à quel point la marijuana et l’auto feront bon ménage.

Si on se fie aux nombreux articles sur la question, on peut difficilement conclure. Pour plusieurs, il ne fait aucun doute que conduire « high » n’améliore pas notre conduite, bien a contraire. Parmi les effets négatifs rapportés, on note une diminution de la concentration et une lenteur de réaction.

À l’opposé, il n’y en a qui démontre que l’utilisateur de mari, contrairement à celui qui a bu, le sait très bien qu’il est sous l’effet d’une drogue et qu’il conduit en conséquence, c’est-à-dire prudemment. D’autres vont jusqu’à prétendre que le pot affine les réflexes du pilote.

Bref, faites votre choix d’effets secondaires, d’autant plus que ces derniers varient selon chaque individu, nos organismes réagissant différemment à l’intoxication. Bien sûr, une solution s’impose d’elle-même : si tu as fumé, ne conduit pas. Exactement comme lorsque tu lèves le coude et qu’on te conseille d’appeler un taxi ou de te fier à un chauffeur désigné.

Est-ce que l’Opération Nez Rouge, très populaire au temps des Fêtes au Québec, ne devrait pas étendre ses services aux fumeurs de pot ? Sans doute. Mais pour 10 conducteurs à l’esprit emboucané qui auront la sagesse de laisser les clefs sur le comptoir, il y en aura combien qui se croiront, à tort ou à raison, tout à fait aptes à conduire ? Même que l’invitation à prendre le volant pourrait été très tentante, comme un espèce de forte envie de femme enceinte à contenter absolument.

Autre souci : les forces de l’ordre ne possèdent pas en ce moment d’outils efficaces pour mesurer la quantité de pot inhalé par un individu. Des entreprises y travaillent. Elles cherchent à développer un appareil de détection du THC, le tétrahydrocannabinol, le cannabinoïde (substance chimique) le plus abondant dans la mari (et le haschisch, la résine du cannabis). Leur défi : pas seulement reconnaître la présence de THC dans le sang mais aussi en évaluer la quantité. En plus, les législateurs devront s’entendre : combien de nanogrammes de THC par millilitre de sang doit-on découvrir chez l’individu avant de le pénaliser ?

Pour l’alcool, ça va, nos chers constables ont l’ivressomètre, et le conducteur peut lui-même s’auto-diagnostiquer à l’aide d’un alcooltest disponible en vente libre. À moins que la police n’oblige le fumeur à uriner dans un petit contenant au bord du chemin, ce qui serait surprenant…

Selon des estimés, il y aurait quelque quatre millions de Canadiens qui fument régulièrement de la mari. Est-ce que la légalisation va les inciter à consommer davantage et les conséquences hanteront-elles nos autoroutes ?

Enfin, ce n’est pas seulement que la mari devienne une nouvelle forme potentielle de distraction qui m’interpelle. C’est le fait qu’elle s’ajoutera à toutes les autres distractions qui déjà nous menacent : le cellulaire, les textos, les systèmes d’infodivertissement plus ou moins conviviaux, l’enfant qui réclame son DVD préféré, le tout possiblement arrosé d’un peu d’alcool…

Imaginez le conducteur qui a fumé, qui a bu, qui placote au téléphone et qui farfouille sur son écran central pour entendre sa toune préférée tout en grignotant des biscuits aux pépites de chocolat !

Dans ces conditions, vivement la voiture autonome pour que l’on puisse faire tout ça sans risquer sa vie et celle des autres. En fait, pendant que mon auto-robot me conduira à bon port sain et sauf, j’en profiterai pour surfer Internet et décider si je dois investir une partie de mes économies dans l’industrie du pot : « Hum, favoriser ICC de Vancouver ou Canopy Growth, dont le symbole boursier est WEED, ya man ! »

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