Hugues Bissonnette, nouveau directeur général de Polestar pour le Canada

Polestar au Québec: Des certitudes et du suspense

Polestar est la marque qui se concentrera sur la performance 100 % électrique tout en poursuivant avec Volvo une relation complexe, c’est-à-dire à la fois indépendante (objectifs) et dépendante (technologie), sans oublier le droit de veto de Geely, le proprio et bailleur de fonds des deux divisions. Depuis 1997 avec Volvo, Hugues Bissonnette, 45 ans, est le nouveau directeur général de Polestar pour le Canada. AutoMédia l’a rencontré.

 

AutoMédia : Tout d’abord, Hugues, bravo pour cette nomination !

Hugues Bissonnette : Merci. Partir d’une page blanche pour lancer une nouvelle marque automobile, c’est un rêve de carrière. De pouvoir le faire chez nous, c’est doublement gratifiant.

 

AM : Donc, Volvo et Polestar, à la fois siamois et distincts ?

HB : Oui, Volvo et Polestar partagent des plateformes et des technologies, mais les équipes de direction sont totalement séparées. Je crois que c’est la recette idéale pour avoir du succès avec une stratégie commerciale qui s’éloigne de celle de Volvo. 

 

AM : On associe Volvo à la prudence et vous souhaitez qu’on pense performance en évoquant Polestar. Au lieu d’y voir une contradiction, vous préférez sans doute qu’on vous imagine en train de vendre les voitures sport les plus sécuritaires au monde ?

HB : Absolument. Polestar a accès aux systèmes de sécurité de Volvo. On en prend avantage. Cela dit, chaque marque a sa place dans le marché, chacune cible une clientèle différente. Nous aurons un design plus progressif et une technologie adaptée aux demandes de notre clientèle. Volvo va rester Volvo dans son créneau. Le but n’est pas d’instaurer une rivalité entre les deux marques. Je pense qu’on peut cohabiter dans le même écosystème.

 

AM : Pour compliquer les choses un peu plus, Volvo offre désormais des modèles étiquetés Polestar Engineered…

HB : La stratégie de commercialisation de Polestar Engineered appartient à Volvo. Je ne peux commenter leurs plans futurs. Je sais toutefois que les optimisations Polestar sont disponibles sur toute la gamme Volvo, tandis que l’appellation Polestar Engineered ne cible que quelques modèles.

 

AM : Polestar vise bien sûr Tesla…

HB : Évidemment. Notre 2 est une belle alternative à sa Model 3, avec des dimensions très similaires.

 

AM : Vous avez dix concessionnaires Volvo au Québec. La majorité voulait vendre Polestar ?

HB : Plusieurs ont levé la main, mais nous avons décidé de nous limiter à une seule concession à Montréal pour couvrir le Québec en entier. Mais on n’est fermé à rien, que ce soit un point de service ou une autre concession.

 

AM : Pourquoi avoir choisi le Groupe Park Avenue ?

HB : C’est un groupe très respecté. Sa mission et son mode de gestion s’alignent avec notre modèle d’affaires. La poignée de main s’est faite de façon naturelle. Park Avenue aura une boutique (l’Espace Polestar) au centre-ville, des modèles et des préposés munis de tablettes pour informer et organiser un essai routier. On veut être au milieu des commerces de détail où nos clients potentiels consomment, pas sur une rue de concessions. Oui, un concept semblable à ce que Porsche a fait au Dix30. Le gros de la transaction se fera en ligne. Un client pourra presque tout faire de son salon et profiter de notre service de concierge ou, alors, un enthousiaste pourra se rendre en concession pour jaser avec les techniciens.

 

AM : Et si je me rends à une concession Volvo, je peux essayer une Polestar ?

HB : Non.

 

AM : Quel est le client type ?

HB : Il est très intéressé par la technologie. Quand il pose des questions, il est déjà très informé. Ce sera une femme dans la moitié des cas et l’âge moyen oscillera entre 35 et 55 ans.

 

AM : Les tests européens proclament une généreuse autonomie de 500 km. Réalistement, au Québec, vous vous attendez à quoi ? 

HB : Nous ciblons 450 km. Nous comptons bien éduquer nos clients sur les meilleures façons de préserver cette autonomie en hiver.

 

AM : Prévoyez-vous deux types de batteries, l’une plus puissante que l’autre ?

HB : Une seule pour l’instant.

 

AM : Vous insistez sur l’importance de votre partenariat avec Google. Pourquoi ?

HB : Ce que l’on connaît aujourd’hui, c’est-à-dire Android Auto et Apple CarPlay, ce sont des applications miroirs de votre téléphone. C’est une couche ajoutée par-dessus le système de l’auto. Chez nous, Android Automotive OS, c’est le système d’exploitation de la Polestar. Ce n’est pas juste une application, c’est Google qui gère le système d’infodivertissement au complet (et, oui, il est compatible avec les appareils Apple).

 

AM : Une première ?

HB : D’autres constructeurs suivront, mais oui, nous sommes les premiers. 

 

AM : Une version moins coûteuse de la Polestar 2 en vue ?

HB : À communiquer.

 

AM : Pourtant, en Europe, on parle déjà de 39 900 euros pour un modèle de base ?

HB : On ne peut pas faire la conversion. Il faudra s’adapter au marché. Et tenir compte de notre société de financement captive qui proposera la location à des taux avantageux. Peut-être aussi la souscription éventuellement mais pas au jour 1.

 

AM : La recharge ?

HB : Pour le moment, on va profiter des infrastructures déjà en place. Mais ça bouge vite. Nous sommes en discussion avec plusieurs partenaires stratégiques.

 

AM : Pour établir votre propre réseau, comme Porsche et Tesla ?

HB : Nous n’excluons rien…

 

 

Polestar 1 

Dévoilée en 2017, une GT Hybride de 600 chevaux dotée d’une autonomie tout électrique de 150 km, construite quasiment à la main en faible quantité (500/an) à l’usine chinoise de Chengdu. On peut en commander une à Noël pour 199 000 $ et patienter quelque ____ mois avant d’en prendre livraison. 

 

Polestar 2

Polestar 2

Berline « fastback » compacte de luxe construite à Luqiao, toujours en Chine, une usine partagée avec Volvo et Lynk & Co (voir AM de novembre 2019). Basée sur la plateforme CMA de Volvo (la SPA pour la 1) et vendue 69 900 $. Très peu d’options : l’ensemble Performance (roues en alliage, freins Brembo, amortisseurs Öhlin, etc.) et le cuir (mais on s’attend à une forte demande pour la sellerie végane de série). On accepte depuis quelques mois des réservations en ligne moyennant un dépôt de 1500 $. Les premières livraisons sont prévues pour l’été prochain.

 

Polestar 3 

Un VUS pleine grandeur qui taquinera les Tesla Model X et Audi e-Quattron. Aucune date de sortie annoncée encore, mais oublions 2020.

 

 

 

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