Le phénomène multi-concessions

Notre numéro de septembre est consacré au phénomène des multi-concessions ou, si vous préférez, les groupes de concessions. Il n’y a pas si longtemps, une concession automobile se léguait de père en fils ou fille. Dans un village ou une ville, une famille réussissait à se forger un statut respectable en gérant une concession qui fournissait du travail à plusieurs personnes. À la regarder aller, cette famille, elle semblait parfois en avoir plein les bras, au point où on peut se demander comment les gens font aujourd’hui pour gérer plusieurs concessions en même temps…

Que s’est-il passé ? J’ai envie de passer en revue avec vous quelques raisons possibles (il y en a sûrement d’autres): une relève déficiente, un pouvoir d’achat accru, la consolidation, la séduction de l’immobilier et la grosseur de l’ego.

 

La relève

Ceux et celles qui n’avaient pas de relève ont effectivement profité de cette vague de regroupements pour vendre leurs actifs et jouir d’une retraite bien méritée. Si, au contraire, la relève était forte, que les enfants, les conjoints et même les petits-enfants se sont impliqués dans la concession depuis leur tout jeune âge à tous les échelons, vous avez là désormais une petite armée bien préparée pour gérer une deuxième concession assez facilement, puis une troisième, et ainsi de suite. En plus, dès que la première bénéficie d’une certaine crédibilité, il est plus facile d’en ajouter. C’est un modèle d’affaires dont la rentabilité est en train de faire ses preuves.

 

Le pouvoir d’achat

Par ailleurs, en opérant plusieurs établissements, il est facile d’imaginer les économies d’échelle réalisables auprès des fournisseurs, comme pour l’huile, les pneus, les outils et tous les accessoires nécessaires au bon fonctionnement de l’atelier de service, très souvent une excellente source de revenus, parfois meilleure que le département des ventes.

 

La consolidation.

On ne se le cachera pas, il y a des concessions qui en arrachent un peu plus que d’autres. Ce déclin est très souvent cyclique, lié à une absence de produits en demande. Bref, vous vous retrouvez avec une concession qui roule en dents de scie. Mais si vous détenez une autre franchise d’une autre marque et que cette dernière, au contraire, a le vent dans les voiles, les administrateurs du groupe (oui, dans mon livre à moi, deux concessions forment un groupe) vont pousser des soupirs de soulagement.

 

L’immobilier

On retrouve aussi des cas où c’est un propriétaire principal qui sollicite des investisseurs qui n’ont rien avoir avec l’automobile mais qui veulent investir leur argent intelligemment. L’actionnaire majoritaire fait alors miroiter les charmes de l’immobilier. Ce genre d’exécutif finit par gérer ce qui ressemble surtout à un parc immobilier qui s’adonne à faire de la vente automobile. Les établissements s’achètent et se revendent aussi vite qu’il le faut pour générer du profit et contenter les actionnaires. Ce n’est certainement pas la passion de l’automobile qui motive ces gens.

 

L’ego

Et, finalement, il y a l’orgueil qui peut mener le bal. Avant, c’était “mon garage est plus gros que le tien”; aujourd’hui, c’est “j’ai plus de concessions que toi”. Mais dans plusieurs de ces cas, vous allez retrouver des vrais mordus de l’automobile à la barre du groupe, des gens qui en mangent jour et nuit. Oui, ils ont un bon égo mais c’est aussi leur travail acharné qui nourrit la bête.

 

Et l’avenir ?

Non seulement ce phénomène est-il là pour rester, il va sûrement croître encore. Nous voyons déjà des alliances avec des groupes encore plus forts et plus gros qui proviennent des autres provinces. Personnellement, je n’ai pas de problèmes avec ce genre d’alliances outre-frontières, tant et aussi longtemps que la majorité des investissements restent au Québec. Mais un jour, je le crains, nous verrons un gros groupe québécois être avalé par des Américains. Ce jour-là, le paysage risque de changer, et pas nécessairement pour le mieux.

 

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