La loto de la vie

Nous travaillons fort à faire fructifier nos activités professionnelles et à réussir simultanément l’autre pan de nos journées très remplies qui concerne la famille et les amis. Le temps nous file entre les doigts, mais ce n’est pas grave, nous en avons tellement à notre disposition, n’est-ce pas? Faux!

Parlant par expérience, je vous confirme que c’est au détour de la soixantaine que nous réalisons qu’un compte à rebours s’est sournoisement enclenché. Ça nous frappe en plein front : il me reste moins de temps devant que j’en ai dépensé avant…

Et comme si ce n’était pas assez cruel comme « wake-up call », la vie s’amuse avec nous comme si nous étions des bouchons de liège ballottés au gré des vagues. Si nous croyons pouvoir accoster au rivage de notre choix au moment de notre choix, c’est que nous n’avons pas encore compris que notre destin est tout sauf totalement entre nos mains.

Cette réflexion m’est venue ces derniers jours en constatant coup sur coup que Jerry Chenkin, président de Honda Canada, prendrait sa retraite méritée le 31 mars prochain après 42 années de loyaux services; que Jacques Béchard, p.-d. g. de la CCAQ, avait été grièvement blessé par une automobiliste alors qu’il marchait dans la Vieille-Capitale; et que mon père, souffrant d’un cocktail de démence et d’Alzheimer, se rapproche un peu plus chaque jour d’un état végétatif.

Trois tournures du destin mais une seule enviable. La loterie de la vie sème à la fois le bonheur et le malheur. Parfois, justement, une personne gagne deux fois de suite à la loto (vérifiez sur Internet, ça arrive), pendant qu’une autre reçoit sur la tête un individu suicidaire qui s’est jeté du toit d’une cathédrale et les deux en meurent (ça aussi, c’est vraiment arrivé).

Comment rester impassible devant ce ramassis de caprices existentiels?

 

Jerry ChenkinJerry Chenkin

Jerry Chenkin a eu une carrière remarquable. Plus de quatre décennies à jouer pour la même équipe, premier Canadien à présider Honda Canada, une santé de fer pour l’aider à réaliser un parcours professionnel méthodique et intelligent, et le voilà à l’aube d’un nouveau chapitre de sa vie, prêt à embrasser de nouveaux défis et à vivre de nouvelles passions.

Bonne chance, Jerry!

 

Jacques BéchardJacques Béchard

Jacques Béchard est lui aussi un exemple d’assiduité et de réussite. Entré au service de la CCAQ en 1984 en tant qu’avocat stagiaire, il tient les rênes de la Corporation depuis 1992 avec une seule mission en tête : défendre les intérêts de ses quelque 860 membres concessionnaires. Pas une seule personne sérieusement reliée à l’industrie automobile du Québec n’ignore qui est Me Béchard et ceux qui ont eu la chance de le côtoyer se souviennent d’abord de sa poignée de main chaleureuse et de son rire contagieux.

Bonne chance, Jacques!

 

Pierre CrépaultPierre Crépault

Pierre Crépault a été un homme d’affaires prospère, un distributeur de machinerie lourde, avant de devenir un motivateur, un disciple de Jean-Marc Chaput, qui a enseigné l’art de la vente notamment à plusieurs groupes au sein d’entreprises comme Nissan et Honda. Il m’a aussi aidé à fonder le magazine Auto Journal en 1997.

Je me rappelle comme si c’était hier notre première rencontre avec Jacques Béchard pour lui exposer notre idée de doter le Québec de sa première publication dédiée à l’industrie automobile. Jacques nous avait alors gratifiés immédiatement du soutien de la CCAQ.

Et puis en 2012, année où j’ai lancé AutoMédia, l’ACV. En parcourant les radiographies du cerveau court-circuité de mon père, le médecin décèle aussi des signes de démence précoce. À son réveil, zéro paralysie mais une aphasie : il ne peut plus utiliser le bon mot pour dire ce qu’il veut dire. Aujourd’hui, confiné dans un fauteuil roulant dans un CHSLD, mon papa s’éteint un petit peu plus chaque jour, sans même savoir par exemple que sa dernière sœur encore en vie ne l’est plus.

Bonne chance, Pierre!

 

Mot de la fin

Je félicite Jerry, j’encourage Jacques et j’accompagne Pierre. Et surtout, je nous conseille à tous nous autres qui sommes en santé (pour le moment) de partager notre chance (du moment) avec ceux qui en ont moins (pour le moment) et de profiter, oh oui, de profiter intensément de chaque moment vécu comme d’un gros lot inespéré.

 

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