Tony Laframboise

Entrevue avec Tony Laframboise, président Mitsubishi Canada: Le meilleur est à venir

Le 1er avril dernier, Tony Laframboise a succédé à Kenny Yamamoto pour devenir le 6e président de Mitsubishi Canada. Il a bien voulu faire le point avec AutoMédia, en compagnie de Patrick Renaud, directeur des ventes pour le Québec, et John Arnone, directeur des relations publiques.

 

AM: Cette présidence : une surprise pour vous ?

Tony Laframboise: Kenny m’avait avisé à l’avance. Cela fait partie d’une nouvelle direction que Mitsubishi Motors emprunte au niveau international, surtout après notre association avec Nissan. Ma compréhension en est qu’il est désormais important de nommer une personne locale au lieu des traditionnels présidents d’origine japonaise. Je suis le premier président ainsi nommé et j’ai l’impression que plusieurs suivront.

 

AM: Dans quel état Kenny vous a-t-il laissé la division canadienne ?

Tony: Kenny a été à la tête de Mitsubishi Canada pendant trois ans et demi et ces années ont été nos meilleures. Il a accompli un travail incroyable et il m’a laissé une entreprise en très bonne santé. Qui plus est, Kenny ne quitte pas l’organisation. Il est maintenant en charge de l’Amérique du Nord, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de d’autres pays. Même s’il est basé au Japon, nous pourrons compter sur son soutien.

 

AM: Sur vos 90 concessionnaires canadiens, 34 opèrent au Québec, soit 38%. De toutes évidences, la Belle Province vous importe !

Tony: En effet, le Québec a représenté 40% de nos ventes en 2016. Il occupe une partie importante de notre stratégie au Canada. Nous nous assurons que nos produits répondent aux besoins distincts des Québécois. Par exemple, vous préférez les transmissions manuelles et les véhicules ayant une bonne efficacité énergétique.

 

AM : Vous avez débuté 2017 avec 20% de retard en janvier et février par rapport à l’an dernier. Cette baisse vous préoccupe?

Tony: Non, pas vraiment. L’an dernier, nous avons connu un excellent premier trimestre dû à plusieurs raisons. Par exemple, nous avions mis en place des programmes pour liquider des modèles des années précédentes qui ont très bien fonctionné, ce que nous n’avons pas fait cette année. Nous nous attendions à une baisse

 

AM: En fait, 2016 a été une année record pour vous. Était-ce la première fois que vous vendiez plus de 22 000 véhicules au détail au Canada?

Tony: Oui

 

LES PRODUITS

AM: Parlons de vos produits puisque tout part d’eux. Commençons par la Lancer.

Tony: C’est la dernière année de la Lancer au Canada et même dans le monde. Mitsubishi a décidé que l’on devait se concentrer sur nos forces, i.e. les véhicules à traction intégrale, les VUS, les véhicules électriques rechargeables et les purs VE. La production de la Lancer se terminera donc en décembre. Cependant, nous avons un plan très solide pour la promouvoir avec deux nouveaux modèles, une version noire et une édition spéciale en lien avec notre 100e anniversaire. Comme Mitsubishi a été le premier manufacturier japonais à faire de la production de masse, dès 1917, nous allons célébrer ça !

John Arnone : Il est important de mentionner que les Canadiens auront accès à la Lancer pour une plus longue période que les consommateurs des autres marchés : jusqu’à la fin du premier trimestre de 2018.

 

AM: Que dire des Mirage ?

Tony: La Mirage et la Mirage G4 feront partie de notre ligne de production des prochaines années. Nous avons bâti des plans et des stratégies autour de ces modèles et nous pensons également à leur apporter des améliorations.

 

AM: Votre Outlander tire un peu de la patte en comparaison du Toyota RAV4, mais il a mieux fait en 2016 qu’en 2015. Que nous réserve-t-il?

Tony: Au Canada, depuis trois ou quatre ans, les voitures compactes sont de moins en moins populaires et nous prévoyons une baisse de 20% dans les trois à cinq prochaines années. En même temps, nous prévoyons que les ventes de VUS compacts augmenteront de 30%. Grâce aux améliorations que nous apportons au Outlander et à la plus grande popularité de son segment, nous prévoyons une augmentation de ses ventes. Le RVR aura lui aussi droit à belles nouveautés durant les 18 mois à venir.

D’ici la fin de l’année ou au début de l’an prochain, nous sortirons l’Outlander PHEV ainsi que l’Eclipse Cross, un VUS vraiment unique et intéressant dont le prix se situera entre le RVR et l’Outlander, mais sans être une alternative à ces deux modèles car nous nous dirigeons vers une direction différente avec l’Eclipse. Celui-ci sera très moderne, stylisé, à l’allure sportive. Il amènera de nouveaux consommateurs vers Mitsubishi et il remplacera en quelque sorte la Lancer dans notre flotte au début de l’année 2018.

 

AM: Quels sont vos plans envers l’i-MiEV électrique?

Tony: Elle en est également à sa dernière année et nous n’en avons que quelques-unes en stock. Nous n’avons pas de plan de remplacement, car notre prochain véhicule électrique pour le marché canadien est l’Outlander PHEV. Nous allons certainement développer d’autres VE, mais il n’y a rien de confirmé pour le moment.

 

AM: Avez-vous fixé un prix pour le PHEV?

Tony: Non, pas encore.

 

AM: Peut-on parier qu’à la suite de votre association avec Renault et Nissan, Mitsubishi misera beaucoup sur l’électricité ?

Tony: Lorsque l’on combine les résultats de ventes internationales des véhicules électriques et rechargeables de Nissan-Renault-Mitsubishi, nous nous retrouvons en tête des manufacturiers dans cette catégorie. Et, de fait, les départements d’ingénierie des trois manufacturiers travailleront ensemble pour développer notre future stratégie relative aux VE. Nissan a des idées incroyables pour ce type de véhicules et nous amenons une technologie de plateformes électriques déjà présente dans l’Outlander. Mais puisque notre association ne date que du mois d’octobre dernier, il est encore trop tôt pour parler de tous les bénéfices qui en découleront.

 

AM: En relisant les chroniqueurs d’un outil aux consommateurs tel L’Annuel de l’automobile, on retrouve plusieurs mentions sur le manque d’inspiration de vos habitacles. Pour contrer les intérieurs très branchés qui déroutent les conducteurs, avez-vous volontairement décidé de miser sur la simplicité ?

Tony: Nous croyons qu’un habitacle se doit d’être fonctionnel, facile à utiliser et non une source de distraction pour le conducteur. Nous n’ajoutons pas de tape-à-l’œil inutile. L’intérieur du Outlander PHEV et de l’Eclipse Cross seront vraiment progressistes.

 

AM: Votre concept EX est vraiment excitant. Une version commerciale se retrouvera-t-elle éventuellement chez vos concessionnaires?

Tony: Tous nos prototypes représentent une vision de ce que nous voulons faire avec nos futurs véhicules, mais vous ne les retrouverez pas nécessairement tel quel dans les salles d’exposition. Toutefois, le design de l’Eclipse Cross ressemble beaucoup à celui du concept qui l’a inspiré. C’est tout ce que je peux vous dire pour le moment.

Selon Tony, le prix du nouveau Eclipse Cross, un VUS attendu au début de 2018, se situera entre celui du RVR et du Outlander.

 

 

PROGRAMME IMAGE

 

AM : Parlez-nous de votre nouveau programme Image.

Tony : Notre actuelle image a 15 ans. Elle a été inspirée par celle instaurée aux États-Unis et elle date un peu. Notre nouvelle image de marque est calquée sur notre image internationale mais adaptée aux exigences du marché canadien. Elle représente ce que nous voulons être en 2021 et au-delà. Son implantation se fera sur une période de cinq ans, mais elle ne sera pas désuète après cette période, bien au contraire. Elle comprend notamment l’intégration d’une section réservée aux VE dans les salles d’exposition.

 

AM: À commencer par l’Outlander PHEV?

Tony: Oui. Le PHEV est notre seul VE à court terme.

 

AM: Ais-je bien compris que votre programme Image comporte quatre catégories?

Tony: On parle de différentes catégories de concessionnaires. Nous devons tenir compte de la taille des marchés et le Québec est un exemple parfait. Nous avons des concessionnaires qui sont dans des petits marchés, comme Sept-Îles ou la Gaspésie, qui n’ont pas les mêmes besoins que les concessionnaires de Montréal. Nous avons donc quatre catégories de concessionnaires. Pour les plus petits, nous ne prévoyons qu’une seule voie de service et une surface d’environ 6 500 pieds carrés. Pour les plus gros, la surface atteindra 24 000 pieds carrés. Nous avons donc prévu des solutions pour les concessions de toutes tailles, mais avec les mêmes éléments.

 

AM: Les concessionnaires ont-ils un soutien financier de votre part pour mettre en œuvre ce programme Image ?

Tony: L’avantage financier pour les concessionnaires repose sur le fait qu’ils auront des concessions plus attrayantes qui attireront plus de clientèle ainsi que de meilleurs vendeurs professionnels, ce qui fera en sorte que la nouvelle Image aidera à augmenter les ventes. Notre soutien en coulisses sera très minimal. Nous travaillons avec la firme d’architectes RH Carter, qui se rend chez les concessionnaires pour leur proposer des plans et des solutions pour intégrer le programme. Nous travaillons aussi étroitement avec les concessionnaires pour que l’intégration ne soit pas trop onéreuse pour eux.

 

AM: Vous travaillez donc à convaincre les concessionnaires que cette intégration leur sera bénéfique, mais c’est eux qui doivent payer la facture?

Tony: Oui.

 

AM: La concession Rallye Mitsubishi, à Gatineau, vient de compléter son Image. Nul doute un exemple à suivre ?

Tony: En effet, Rallye, qui est notre vendeur numéro 1 depuis maintenant trois ans, avait prévu construire un nouveau bâtiment. Ils sont devenus notre « concession-pilote » pour la nouvelle Image. Nous collaborons étroitement avec eux. C’est une excellente façon de tester notre programme et de voir si l’on doit ajuster certains éléments. Quand vous construisez un nouveau bâtiment, vous devez tenir compte de plusieurs facteurs, dont les conditions hivernales du Québec, qui influencent le design et les matériaux du programme.

La concession Rallye Mitsubishi, à Gatineau, vendeur # 1 au Canada depuis trois ans, a été la première à exhiber le nouveau programme Image du constructeur. (Note à Mag : j’attends cette photo incessamment)

 

CAUSE CARITATIVE

(Suggestion photo pour ce bloc : celle avec la remise du chèque)

Bas de vignette = Josée Desjardins, v.-p. du Club des petits déjeuners pour l’Ontario et l’Ouest du Canada, reçoit des mains de Tony un chèque de 20 000$ remis en mars dernier par les concessionnaires Mitsubishi du Grand Vancouver.

AM: Êtes-vous toujours associés à l’organisation Right to Play, une association amorcée en 2005 ?

Tony: Non. À la suite d’une recherche remarquable effectuée par John, nous sommes depuis juillet 2016 associés au Club des petits déjeuners, un organisme créé au Québec, qui offre des petits déjeuners dans les écoles aux enfants dans le besoin. Nous aimons que tous nos concessionnaires puissent être impliqués auprès d’un organisme qui a une influence directe sur des milliers de Canadiens.

John Arnone : Le Club des petits déjeuners a son siège social à Boucherville, l’organisme a été créé par Daniel Germain et nous sommes le seul manufacturier à avoir un partenariat avec cet organisme qui a maintenant une présence pancanadienne. Ce partenariat représente notre plus grand effort de responsabilité sociale et nous sommes fiers d’aider à nourrir plus de 100 000 enfants à travers le Canada. Notre engagement envers le Club a été motivé en partie par le fait que l’organisme a ses racines au Québec. Le Québec est très important pour nous. Nous ne pouvons durer au Canada sans avoir de bons résultats au Québec. En conséquence, le Club des petits déjeuners représentait l’organisme parfait pour nous, car nos concessionnaires québécois voulaient s’impliquer dans cette cause.

Josée Desjardins, v.-p. du Club des petits déjeuners pour l’Ontario et l’Ouest du Canada, reçoit des mains de Tony un chèque de 20 000$ remis en mars dernier par les concessionnaires Mitsubishi du Grand Vancouver.

 

LE FUTUR DE MITSUBISHI

 

AM: Devez-vous encore répondre aux questions de journalistes qui doutent de la présence à long terme de Mitsubishi au Canada?

Tony: Je travaille pour la compagnie depuis 2001 et je réponds à ce type de questions depuis 2001 ! Plusieurs personnes pensent que notre présence plus petite que d’autres manufacturiers au Canada fait en sorte que nous ne durerons pas. Mais dans une perspective plus globale et historique, quand Mitsubishi s’installe dans un pays, elle est là pour rester. Mitsubishi Motors offre un soutien incroyable, ils sont dévoués dans chacun des marchés, dont le marché canadien. Et en ce moment et en tenant compte des résultats de l’an dernier, le marché canadien occupe la 14e place en termes de volume dans le monde. Nous ne partirons pas, nous avons des concessionnaires exceptionnels et beaucoup de ressources financières. Le marché canadien est important pour Mitsubishi et nos produits sont ceux que les consommateurs veulent se procurer.

 

AM: Est-ce que tous les concessionnaires Mitsubishi du Québec sont en bonne posture financière?

Patrick Renaud: La grande majorité va très bien. C’est vraiment un petit pourcentage de nos 34 concessionnaires qui ont plus de difficultés. Je peux affirmer que plus de 95% de nos concessionnaires sont rentables.

 

AM: Que conseillez-vous aux 5% qui ont plus de difficulté? Est-ce que le nouveau programme Image ou les futurs modèles les aideront?

Patrick Renaud : Certains des concessionnaires vont implanter le nouveau programme en 2018, mais la plupart le feront très bientôt parce qu’ils y croient. Le nouveau programme sera très bénéfique pour la satisfaction de la clientèle, ce qui aura définitivement un impact sur les ventes. Tous nos concessionnaires sont vraiment enthousiastes à l’égard de notre nouveau programme d’image.

 

Tony: Quand nous avons commencé à bâtir notre nouveau programme, nous avons rencontré nos concessionnaires et nous sommes vraiment heureux de leur accueil. Ils sont conscients que notre image a 15 ans. Certains d’entre eux ont dépassé leur capacité en termes de services et de clientèle. Nos concessionnaires au Québec sont très profitables. Ils sont nos plus solides au Canada.

AM: Est-ce que la mauvaise presse au sujet du « faux kilométrage » leur a nui ?

Tony: On fait toujours mieux sans mauvaises nouvelles comme celle-là. Elle a occupé l’espace médiatique pendant un certain temps l’an dernier, mais c’est difficile d’évaluer si elle a influencé nos ventes ou non. Puisque 2016 a été une année record en termes de ventes au détail, j’en doute. Et rappelons-nous que ça concernait des véhicules au Japon.

 

AM: Au début des années 2000, il y a eu une autre controverse au sujet de plaintes de clients non divulguées. Sans entamer une discussion culturelle, maintenant que vous travaillez avec Renault, ce genre d’histoire ne se répétera plus?

Tony: De mon point de vue, Mitsubishi a une solide culture d’entreprise. Ces deux histoires portent sur des situations qui sont maintenant dernière nous. Nous avons fait des erreurs mais nous avons tourné la page. Tout comme les autres compagnies qui ont connu des épisodes similaires et souvent pires. Certaines personnes utilisent ces histoires pour nous dénigrer et prétendre que nous sommes en déclin ou que nous allons quitter le Canada. Nous sommes au pays depuis 15 ans, nous sommes passés au travers de plusieurs situations difficiles et quand nous regardons nos résultats de ventes, nous ne faisons que progresser. Avec notre nouvelle association avec Renault et Nissan, nous allons évidemment adopter une approche globale et collective des plaintes de nos clients. Ceci dit, Mitsubishi reste Mitsubishi et nous allons offrir les produits et le service typiques à notre entreprise.

 

AM: À ce propos, selon vous, quelle est la différence entre un véhicule Mitsubishi et un Nissan?

Tony: Nos produits sont créés à partir de notre tradition de fiabilité et de loyauté, notre design est phénoménal, notre ingénierie est novatrice et nous sommes des leaders technologiques. C’est pourquoi nous pouvons offrir des garanties de 10 ans sur nos véhicules. Notre technologie, notre ingénierie et notre durabilité nous permettent de le faire. C’est notre tradition, notre patrimoine et nous ne le perdrons pas.

 

AM: Dans une entrevue accordée en 2013 à AutoMédia, vous mentionniez que votre objectif était de battre Subaru au Canada. Vous avez toujours le même but ?

Tony: ils sont toujours les prochains à battre, effectivement! Je ne peux pas prétendre que nous serons en mesure de battre Toyota dans les prochaines années (rires)… Nous sommes très comparables à Subaru selon plusieurs aspects. Ils ont cependant des produits que nous n’avons pas, comme des VUS grand format ou des berlines de segment D, mais nous avons aussi des produits qu’ils n’ont pas. Quand on compare les ventes du RVR ou de l’Outlander aux ventes de leurs produits comparables, nous sommes dans les mêmes eaux. Mais ces temps-ci, nous nous comparons à nous-mêmes et nous visons une progression constante de nos résultats de ventes. Maintenant que nous avons atteint 22 000 ventes, nous visons 25 000. Une fois ce cap franchi, ce sera 30 000, et ainsi de suite.

 

AM: Et à quel moment votre boule de cristal vous dit que vous atteindrez ces 25 000 ventes?

Tony: Je ne possède malheureusement pas cette boule de cristal!

 

AM: Quelle sera la plus grande surprise que les Québécois et les Canadiens auront de Mitsubishi dans un avenir rapproché?

Tony: Tout ce que je vous ai dit depuis le début de l’entrevue! Je pense que le nouveau programme Image aura un impact incroyable. Nous prévoyons que la sortie de l’Outlander PHEV sur le marché québécois aura un grand succès et composera 50% de nos ventes si on tient compte de l’engagement du gouvernement québécois et de l’engouement de la population envers les véhicules électriques et rechargeables. Le Québec représente 50% des ventes de VE au Canada, suivi de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. Le gouvernement du Québec est vraiment engagé dans la voie de l’électrification et pousse les manufacturiers à offrir plus de véhicules électriques ou rechargeables. Notre focus sur l’Outlander PHEV répondra à cette préoccupation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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