Alcootests en vente libre : méfiez-vous !

C’est la saison des partys de bureau, des fêtes de famille et des soupers entre amis, qui riment parfois avec abus d’alcool. Tenté de vous procurer un alcootest vendu à la SAQ ou sur le Web? Attention : Protégez-Vous et la Fondation CAA-Québec ne recommandent aucun de 10 modèles testés !

Plusieurs donnent des résultats imprécis ou incorrects, et même ceux qui performent bien ne vous seraient d’aucune utilité en cour si un policier a jugé que vous n’étiez pas en état de conduire…

 

Du sérieux

Une équipe de toxicologues du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du ministère de la Sécurité publique du Québec a supervisé le test. Six participants ont bu de l’alcool (belle job !) jusqu’à ce que l’appareil utilisé par la Sûreté du Québec détecte dans leur sang des taux de 120 mg d’alcool par 100 ml de sang (0,12), puis de 80 mg/100 ml (0,08) et de 50 mg/100 ml (0,05), à mesure que leur organisme éliminait l’alcool. À chaque seuil, les toxicologues comparaient le résultat de l’appareil officiel avec celui des alcootests évalués.

Résultat : seulement quatre des 10 modèles testés (voir liste) ont obtenu des résultats semblables à ceux de l’appareil témoin de la Sûreté du Québec. Le Mobile Breathalyzer BT-M5 de BACtrak, vendu 140 $, est arrivé bon premier.

 

Même la SAQ…

Parmi les testeurs testés, celui vendu par la Société des alcools du Québec (SAQ), l’éthylotest à usage unique d’Alcootech Canada (4 $ l’unité) : performance très décevante. « Nos experts et nos participants ont eu de la difficulté à distinguer le changement de couleur des cristaux qui devaient permettre d’interpréter les résultats », explique le journaliste responsable de la section automobile de Protégez-Vous, Julien Amado.

Réponse de Linda Bouchard, porte-parole de la société d’État : « Nous croyons qu’il vaut tout de même mieux proposer un outil qui, sans être le plus performant sur le marché, agit comme un indicateur qui pourra sensibiliser la clientèle à une consommation responsable. »

Par ailleurs, le Digital Breath Alcohol Tester, vendu 20 $ sur les sites d’achats groupés Groupon et Tuango, s’est montré très peu précis lors du test. Dans le tiers des cas, il a sous-estimé de 30 % la teneur en alcool dans le sang des volontaires. En outre, ses résultats ne sont pas constants d’une utilisation à l’autre. En bref, cet alcootest est carrément dangereux, car il peut vous laisser croire que vous êtes en état de conduire alors qu’il n’en est rien.

 

Boire ou conduire ?

De toute façon, une fois les tests faits, Protégez-Vous et la Fondation CAA-Québec ne peuvent même pas recommander l’achat des produits « fiables » pour au moins deux bonnes raisons. Un, pour bien fonctionner, les meilleurs alcooltest doivent être calibrés avant la première utilisation, puis une fois par an. Or, cette opération coûte chaque fois une cinquantaine de dollars et nécessite l’envoi de l’appareil au fabricant ou au distributeur…

De deux, autre mauvaise nouvelle, les résultats de tels appareils ne sont pas admissibles en cour. En fait, « un conducteur peut être accusé de conduite avec les facultés affaiblies même si son alcoolémie ne dépasse pas la limite légale de 0,08 », souligne Marco Harrison, directeur de la Fondation CAA-Québec, qui rappelle que « la prise de médicaments ou de drogue, la fatigue et le stress sont des facteurs qui peuvent amplifier les effets de l’alcool ».

De sorte que la vraie bonne conclusion, tous tests confondus, s’impose d’elle-même : ne pas conduire lorsqu’on a bu !

 

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